Masques, tests, aide financière, économie…

Les principales avancées selon la FSPF

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Publié le 05/06/2020
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La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) fait le point sur les derniers sujets d’actualité et leurs impacts pour la pharmacie d’officine. Entre avancées avec l’assurance-maladie et décisions en attente du gouvernement, les dossiers ouverts sont nombreux.
Une rémunération pour la distribution des maques du stock de l’Etat entre en vigueur, à hauteur de  1 euro HT par semaine et par professionnel

Une rémunération pour la distribution des maques du stock de l’Etat entre en vigueur, à hauteur de 1 euro HT par semaine et par professionnel
Crédit photo : Phanie

• Indemnité pour la distribution des masques de la dotation d’État

Depuis le 2 juin, l’indemnité pour la distribution des masques aux soignants, malades Covid, cas contact et patients à risque de développer une forme grave de Covid-19 est devenue réalité. Validé dès la réunion du 12 mai entre les syndicats et l’assurance-maladie, ce projet devient effectif avec la procédure fournie par l’assurance-maladie vendredi dernier et jusqu’alors manquante, ce qui avait provoqué des rejets dans les télétransmissions des pharmaciens qui s'étaient déjà lancés. « À ma demande de savoir si cette indemnisation sera rétroactive au 16 mars, l’assurance-maladie répond qu’elle va étudier la question, précise Philippe Besset. Nous devrions probablement pouvoir facturer rétroactivement depuis le 11 mai et obtenir un forfait pour la période du confinement. En tout état de cause, le FSPF fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu’il n’y ait pas de recherche d’indus sur les facturations réalisées avant la fourniture de la procédure CNAM. »

• Les masques sanitaires, un produit officinal comme les autres

Les derniers échanges entre l’assurance-maladie et les syndicats ont permis de travailler à « un changement de méthode quant à la distribution des masques » qui est actuellement réalisée à partir de la dotation de l’État, à destination des soignants, des malades Covid, de leurs cas contact et des patients à risque de développer une forme grave de Covid-19. « L’assurance-maladie envisage, sur avis du gouvernement, de rendre les masques sanitaires remboursables pour certains publics, ce qui signifie qu’on basculerait d’une dotation de masques par l’État à un système d’approvisionnement classique de l’officine : la pharmacie achèterait et distribuerait les masques aux publics concernés, avec un tarif encadré, un ticket modérateur ou pas, et une prise en charge par l’assurance-maladie », explique Philippe Besset, président de la FSPF. Le masque sanitaire entrerait ainsi dans le régime commun des autres produits remboursés qui sont dispensés en pharmacie. Une évolution souhaitée par la FSPF, alors que le masque sanitaire est appelé à entrer dans une stratégie de protection au-delà du seul Covid-19.

• Des masques grand public pris en charge ?

Syndicats et assurance-maladie ont aussi évoqué la possibilité de mettre à disposition des masques grand public AFNOR aux publics les plus fragiles économiquement. Les premières pistes de travail ciblent les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) et s’intéressent à une mise à disposition comptabilisant le nombre de lavages possibles pour le masque. Il s’agirait de fournir des masques pour 60 lavages pour chaque membre de foyer éligible. « Cela pourrait prendre la forme de la distribution de 6 masques lavables 10 fois, ou de 3 masques lavables 20 fois, ou encore de 2 masques lavables 30 fois. C’est en cours de discussion », indique Philippe Besset. Les conditions de distribution pour bénéficier de ces masques ne sont pas encore arrêtées. « On pourrait imaginer la remise des masques sur présentation d’un bon de l’assurance-maladie, comme cela se fait pour la population cible dans la vaccination contre la grippe. »

• Les TROD sérologiques à l’officine

La FSPF, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, la chambre syndicale des groupements et enseignes FEDERGY et l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) sont revenus à la charge, ensemble, vendredi dernier, pour demander l’autorisation de pratiquer les TROD sérologiques du Covid-19 en pharmacie. Déçues par l’absence de décision de la part du gouvernement, alors que la réglementation autorise l’officine à vendre tout autotest ayant son marquage CE et que la loi lui permet de pratiquer des TROD grippe, angine et glycémie, les quatre organisations soulignent qu’il s’agit d’un souhait des Français qui sont chaque jour plus nombreux à demander à leur pharmacien de pratiquer ce TROD. Jeudi dernier, lors des annonces de la 2e phase de déconfinement, le ministre de la Santé s’est contenté de souligner que ces tests seraient remboursés uniquement sur prescription. Dans leur lettre ouverte à Oliver Véran, les représentants de la profession lui rappellent que la vocation d’un TROD est d’orienter le diagnostic : « Ils doivent donc être accessibles sans prescription médicale obligatoire. »

• Contribution au Ségur de la santé

Regrettant que les professionnels de santé de ville soit peu associés à ce qui s’apparente davantage à « un Ségur de l’hôpital qu’à un Ségur de la santé », la FSPF s’est fendue d’une lettre ouverte au Premier ministre, le 27 mai. « Les événements des derniers mois ont montré que le meilleur moyen de ne pas surcharger l’hôpital c’est la préservation de la santé par des mesures de protection, des équipements, des dépistages et de l’éducation à la santé. Il est choquant que toute cette partie de la santé publique n’ait pas été évoquée lors du lancement du Ségur de la santé. » Même si la feuille de route présentée par Édouard Philippe ne change pas, la FSPF considère que la pharmacie a toute sa place dans les travaux qui vont être menés et compte bien apporter sa contribution. « Notre contribution est en cours de rédaction, elle sera prête d’ici au 10 juin. »

• Économie de l’officine

La FSPF appelle le gouvernement à cesser de limiter l’accroissement du budget de la Sécurité sociale en deçà de son évolution naturelle qui se situe autour de 4 %. Car, pour Philippe Besset, cela revient à « faire les poches des soignants en ville comme à l’hôpital ». Il demande que le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prenne non seulement en compte cet accroissement naturel mais aussi qu’il prévoit un rattrapage des années précédentes.

• Aide financière face à la baisse d'activité

Le premier acompte sur l’aide financière prévue pour compenser la baisse d'activité liée à l’épidémie de Covid-19 a été versé pour 20 % des pharmacies, pour un montant moyen de 4 000 euros sur la période du 16 mars au 30 avril. Il est toujours possible d'en faire la demande par le téléservice disponible sur Amelipro jusqu'au 25 juin. Pour la période du 1er au 31 mai, le service de télédéclaration est disponible depuis le 2 juin.

Mélanie Mazière

Source : Le Quotidien du Pharmacien