Après avoir réuni son conseil d'administration, la semaine dernière, Pierre-Olivier Variot a pu ressentir, si besoin en était, le niveau de fatigue et d'exaspération de ses confrères et consœurs. Le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) veut que l'on trouve enfin des solutions pour permettre aux pharmaciens de travailler plus sereinement au service des patients.
Il s'est d'abord attelé à lister l'ensemble des problèmes rencontrés par les pharmaciens ces derniers mois. « Il y a eu la vente des autotests Covid en GMS (l'an dernier), la distorsion de prix sur les tests antigéniques, l'article 30 du PLFSS (qui prévoyait la mise en place d'un appel d'offres sur les génériques), la mesure sur les médicaments onéreux décidée par l'assurance-maladie sans concertation, l'article du PLFSS sur les produits de contraste, les ruptures, la surcharge administrative, l'organisation des gardes qui n'est plus adaptée… », énumère-t-il. Pierre-Olivier Variot est particulièrement remonté contre les problèmes liés aux gardes. Il souhaite demander une réunion en urgence au directeur général de l'assurance-maladie et au ministre de la Santé sur ce sujet. Face à l'océan de contraintes, pertes de temps et autres dysfonctionnements que subissent les officinaux, il estime que la profession doit avoir « une réaction forte ». Si le message n'est pas entendu par les autorités dans les prochaines semaines, le président de l'USPO n'exclut pas l'idée d'organiser une grève des gardes, voire d'inciter les pharmaciens à baisser le rideau pour une journée.
Une première action concrète cette semaine
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset partage bien évidemment le sentiment de son homologue de l'USPO sur l'exaspération ressentie par la profession aujourd'hui. Cependant, l'idée de faire grève lui semble à la fois prématurée et inadaptée. « Faire grève oui mais il faut que cela soit contre quelque chose de précis. On ne peut pas juste faire grève parce qu'on en a ras-le-bol. Si on fait grève contre les pénuries, ce n'est pas ça qui va nous permettre d'avoir du paracétamol ou de l'amoxicilline. Un mouvement social doit avoir une revendication, il faut que cela soit utile. Cela dit, les pharmaciens en ont vraiment marre, c'est un fait. On ne peut pas continuer ainsi », analyse le président de la FSPF.
Selon Philippe Besset, il faut surtout faire attention à « ne pas mélanger tous les sujets. Il faut les combattre les uns après les autres. Or, le premier combat à mener, celui qui est le plus urgent, c'est celui contre les ruptures et ce qui en est la cause : la baisse de prix sur certains médicaments. Il faut que l'on dise stop à ces baisses de prix sur des médicaments dont les prix sont déjà très bas ». Pour rappeler l'extrême agacement de la profession au sujet des ruptures, une première action concrète a été décidée cette semaine. La FSPF, l'USPO mais aussi la CSRP, le GEMME et le LEEM ont décidé de boycotter la réunion du comité de suivi sur les génériques, organisée par le CEPS.
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