Le Quotidien du pharmacien.- Pensez-vous que le dispositif conventionnel d’aide aux pharmacies en territoires fragiles aille dans le bon sens ?
Frédéric Chéreau.- Tout à fait, car le maillage du territoire par la pharmacie est une obligation de service public et il faut s’assurer qu’il tienne. L’avenir des pharmacies rurales dans des déserts médicaux soulève la question de la pérennité du service public, notamment pour les personnes ne disposant pas de mobilité. On en voit les conséquences dans le contexte politique actuel, notamment le vote de désespérance lié à la disparition des services publics, et la pharmacie en fait partie. Je dirais même qu’il faut en faciliter la réinstallation quand par malheur des pharmacies ont disparu. D’autant que souvent les pharmacies sont l’accroche de maisons de santé, ou de centres de consultation itinérants.
Pensez-vous que les maires soient légitimes pour co-construire des solutions sur leurs communes ?
Bien sûr. On appelle souvent l’Association des maires de France (AMF) pour des questions de santé, car sans le savoir explicitement, ces élus œuvrent pour le soin sur leurs communes. Comme président du conseil de surveillance de l’hôpital par exemple, mais aussi dans des domaines plus vastes comme l’aménagement du territoire. Concernant la pharmacie, je pense qu’il faudrait faciliter le cadre pour que les maires puissent aider les pharmacies de leur commune si elles en ont besoin. Même s’il ne faut pas trop en demander aux communes et qu’il serait préférable que les aides viennent de l’État.
Lors du dernier Congrès des maires, vous appeliez à appréhender la santé de manière plus globale en rappelant qu’elle ne dépend qu’à 22 % de la qualité du système de soins. Quel rôle les maires peuvent-ils jouer sur les 75 % restant, notamment quand ils sont élus de territoires fragiles ?
La santé c’est aussi l’accès aux espaces verts, la qualité de l’habitat et de l’alimentation... Paradoxalement, dans un territoire fragile, ces aspects ne sont pas forcément absents : on peut avoir une cantine qui prépare les repas comme à la maison, disposer d’espaces verts… Le maire, s’il n’est pas un premier acteur de soins, peut être un premier acteur de santé. Il le sera d’autant plus s’il parvient à maintenir des actions de prévention, d’éducation, je pense tout particulièrement à la prise en compte des pathologies chroniques les plus prégnantes que sont le diabète ou l’insuffisance cardiaque liées au mode de vie.
Aussi des territoires peuvent être considérés comme fragiles en termes de soins et être pour autant résilients sur l’aspect de la santé au sens large. Car ils sont dynamiques et créatifs. Il faut savoir croiser le social et le sanitaire. Et cela les maires savent faire puisqu’ils ont une réflexion globale et n’agissent pas en tuyaux d’orgue.
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