Au cours des six premiers mois de l’année, analyse le réseau CGP, le taux de marge brute globale s’effondre à 28,51 % du chiffre d’affaires, contre 29,32 % un an auparavant. Un taux jamais vu depuis une dizaine d’années et qui signale une érosion continue de la rentabilité officinale. Même si en valeur, les pharmaciens ont engrangé en moyenne près de 11 000 euros de plus qu’un an auparavant. De l’avis des cabinets comptables, ce décrochage du ratio marge brute globale/chiffre d’affaires s’explique en partie par une hausse des charges et plus particulièrement des charges de personnel. Selon les chiffres diffusés par le réseau CGP, les coûts salariaux augmentent de 5,34 % au premier semestre 2024 pour atteindre 10,95 % du chiffre d’affaires. Ce taux était de 11,03 % à la même période en 2023, mais sur un chiffre d’affaires inférieur de 6,11 %. Les charges de personnel relevées par Fiducial au sein des 95 officines de la région Centre confirment cette tendance avec une évolution globale de 6 % sur les six premiers mois de l’année par rapport au premier semestre 2023.
Sur les six mois de cette année Les frais de personnels progressent davantage que la marge brute globale
Joël Lecoeur, président du réseau CGP.
Ainsi, en valeur, une officine moyenne a payé, selon CGP, 134 828 euros en frais de personnel entre début janvier et fin juin quand elle n’en avait dépensé que 127 995 euros un an auparavant. La hausse de la masse salariale est désormais supérieure à celle du chiffre d’affaires hors médicaments chers (+ 3, 97 %). Les charges de personnel relevées par Fiducial au sein des 95 officines de la région Centre confirment cette tendance avec une évolution globale de +6 % sur les six premiers mois de l’année par rapport au premier semestre 2023.
Faut-il licencier pour retrouver de la marge ?
« Faute de bras, le pharmacien cède et embauche à un coefficient supérieur. Ce surenchérissement provoque cependant une hausse des salaires en cascade dans l’équipe », décrit Joël Lecoeur, président du réseau CGP. Cette année encore, les pénuries et les revalorisations successives ont expliqué la hausse des salaires. Pas suffisante cependant pour les salariés au regard du coût de la vie et des investissements qui leur sont demandés par leur titulaire. Pour autant, soulignent les experts-comptables, le poste salaires pèse de plus en plus lourd dans le bilan officinal. Le critère de productivité ne se base plus cependant sur le ratio chiffre d’affaires par salarié, mais par la marge brute dégagée par ce salarié. Or « Les frais de personnels progressent davantage que la marge brute globale en hausse de 3,18 points sur les six mois de cette année. C’est le même effet ciseaux que nous avions déjà observé en 2023 », observe Joël Lecoeur. Il rappelle que le salaire chargé d’un adjoint rémunéré au coefficient 600 s’élève à 81 000 euros tandis que la marge dégagée par ce même salarié est estimée à 105 000 euros. « Certains titulaires ont déjà été contraints de se séparer de salariés afin de retrouver un niveau de rentabilité suffisant. Car, aujourd’hui, nous sommes face à de tels niveaux de marge qu’il va être compliqué désormais de rémunérer le personnel », relève-t-il. Cependant, la tendance ne pourra être freinée de sitôt, estime Bertrand Cadillon, responsable du département pharmacie chez Fiducial. Car ces hausses des coûts salariaux s’inscrivent sur un socle qui a connu vingt points d’augmentation en deux ans, relèvent les experts. Bien que ralentie par rapport à 2022, la progression observée l’année dernière atteignait 8, 9 et même 12,8 points selon les cabinets.
*Le 18 septembre, à Paris
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires
Auvergne-Rhône-Alpes
Expérimentation sur les entretiens vaccination
Excédés par les vols et la fraude à l’ordonnance
Des pharmaciens marseillais créent un groupe d’entraide sur WhatsApp
Cas de comptoir
Douleur et fièvre au comptoir