Un pharmacien niortais était jugé le jeudi 20 octobre par le tribunal judiciaire de Niort. Il est accusé d'avoir détourné frauduleusement des centaines de milliers d'euros sur plusieurs années.
Escroquerie, abus de biens sociaux, faux, usages de faux, vol et banqueroute frauduleuse… de nombreux faits étaient reprochés au pharmacien, qui se serait livré à ces activités pendant 4 ans, de juillet 2015 à janvier 2019. Le prévenu est passé par des sociétés écrans et utilisait tous les moyens possibles pour s'enrichir : surfacturation, fausses factures, posologies gonflées, ventes sans prescription, parfois au noir, ordonnances administrées à haute dose… Les patients étrangers ou âgés, ainsi que les pathologies nécessitant des traitements coûteux étaient la cible principale du pharmacien, qui volait également dans la caisse de son officine.
Ainsi, les prélèvements à son profit sur le compte courant d'associé de la pharmacie s’élevaient à 391 000 euros en 2017, 557 000 euros en 2018 et 673 000 euros en 2019. De son côté, la CPAM a recensé 502 anomalies de 13 types pour un préjudice de 243 780 euros. En 2019, sa pharmacie accusait un passif de 790 000 euros à l’heure de son placement en redressement judiciaire.
Selon « La Nouvelle République », qui a couvert le procès le 20 octobre, le pharmacien a reconnu les faits dans leur totalité, revenant en détail sur ces derniers : « J’ai pris conscience d’avoir mal agi. J’étais dans une spirale, il fallait que la pharmacie tourne. Ce n’est pas pour me dédouaner mais les papiers ce n’est vraiment pas mon truc. Il fallait que j’achète, j’achète. Du vin, du parfum, de la fleur de sel. Et puis de l’immobilier. C’était sans fin. »
Au total, le patrimoine du pharmacien comprend une quarantaine d’appartements et une demi-douzaine de logements commerciaux, ainsi que des voitures et des montres de luxes, parfois payées en liquide.
Le pharmacien, sous contrôle judiciaire depuis le 11 février 2022, était connu comme ayant des démêlés avec la Sécurité sociale, même si tout le monde ignorait qu'ils atteignaient de telles proportions. « À Niort, il était isolé de tous les confrères et consœurs, témoigne au « Quotidien » un pharmacien. Il y a une sorte d’impuissance quand on voit ce genre de chose se dérouler, et qu'on n’arrive pas à aider ceux qui plongent dans ce cercle vicieux, ni à leur faire entendre raison. Il est resté très longtemps dans le déni. »
Le pharmacien est également décrit par ses employées comme « autoritaire, souvent alcoolisé et aux allusions sexuelles récurrentes ». Le conseil de l’Ordre l’avait suspendu deux ans, dont un an ferme.
La procureure a réclamé trois ans de prison, dont un an ferme, la confiscation de deux biens saisis, ainsi que des interdictions d’exercer pendant 5 ans et de gérer pendant 10 ans. Toujours selon les informations de « La Nouvelle République », le jugement a été mis en délibéré au 2 février 2023.
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