À l'initiative de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), plusieurs organisations représentatives de la profession ont signé un communiqué pour dénoncer le retard considérable pris par la réforme du troisième cycle des études de pharmacie, annoncée depuis 7 ans, et qui n'a toujours pas vu le jour malgré de récentes promesses gouvernementales.
Sans cesse reportée depuis 7 ans, la réforme du troisième cycle des études de pharmacie semblait enfin sur la bonne voie. En mars 2022, au moment de signer la nouvelle Convention pharmaceutique, le ministre de la Santé d'alors, Olivier Véran, avait tenu ces propos : « Je souhaitais profiter de cette signature pour vous annoncer que j’ai décidé de finaliser la réforme du troisième cycle des études pharmaceutiques avec la création de deux diplômes d’études spécialisées courts (...). Je souhaite que l’évolution du statut de l’étudiant en sixième année d’officine permette d’améliorer les revenus de nos étudiants, en complétant la part versée par les titulaires d’officine. » Une promesse concrète qui, malheureusement, n'a toujours pas été suivie d'effets aujourd'hui.
Après s'être vu refuser à l'automne la mise en place du statut d’interne en pharmacie d’officine, un compromis avait été trouvé avec les instances ministérielles chargées de cette réforme afin de créer un statut de résident pour les étudiants de sixième année. En mars dernier, au terme d'un rendez-vous avec des conseillers des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, c'est la douche froide pour les étudiants de l'ANEPF, qui apprennent que ce statut ne sera finalement pas rédigé. « On nous a expliqué qu'il avait été appliqué pour les étudiants en médecine et que cela n'avait pas fonctionné, explique Servane Lalinec, vice-présidente de l'ANEPF en charge des perspectives professionnelles. C'était pourtant prévu dans la Convention pharmaceutique, on nous avait même dit que des honoraires ne seraient pas réévalués pour pouvoir financer cette réforme », tient-elle à rappeler. Au vu de la situation, impossible désormais d'imaginer la réforme du troisième cycle des études de pharmacie appliquée à la rentrée prochaine.
Pour l'ANEPF, comme pour les syndicats représentatifs de la profession (USPO, FSPF), des groupements (FEDERGY, UDGPO, CNGPO) mais aussi pour la Conférence des doyens des facultés de pharmacie, tous signataires du communiqué publié ce 4 mai, cette réforme est pourtant urgente. « Il faut que les étudiants qui choisissent l'officine puissent être formés aux nouvelles missions en amont, souligne premièrement Servane Lalinec, en faisant référence à la volonté de la réforme d'instaurer une méthode d'apprentissage davantage basée sur la pratique que sur la théorie. L'autre problème qui va durer si la situation ne change pas c'est que des étudiants vont continuer à se détourner de l'officine pour des raisons uniquement financières. On ne devrait pas voir des étudiants renoncer à la filière qu'ils ont choisie pour ces raisons-là », déplore la vice-présidente de l'ANEPF. La réforme du troisième cycle prévoyait en effet une revalorisation monétaire du stage en sixième année d'officine, avec un passage de 550 à 1 200 euros par mois, en plus de l'obtention d'indemnités de transport et d'hébergement. Une évolution plus que nécessaire pour de nombreux étudiants, encore plus au vu de l'inflation actuelle. Or cette revalorisation ne peut pas voir le jour « sans une rénovation du statut de l’étudiant en sixième année officine », rappelle l'ANEPF.
Ulcérée de voir ce dossier stagner encore et toujours, l'association étudiante a donc décidé de taper du poing sur la table, en mobilisant la profession autour de cette cause mais aussi en demandant un rendez-vous « avec les conseillers du président de la République à l’Élysée accompagnés de l’ensemble des acteurs et conseillers ministériels en charge de cette réforme ». Pour l'ANEPF, hors de question de voir s'éterniser cette situation qui ne fait qu'accroître « le déclin d'intérêt » pour la filière officine. « Nous attendons un engagement fort et respecté, des actions concrètes sur cette réforme et des moyens nécessaires pour accompagner les évolutions de notre profession. Il est temps pour le gouvernement de tenir ses promesses, d’agir, et ce dès maintenant ! », exige l'ANEPF, qui promet de ne pas en rester là.
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