Journée de mobilisation, ce mardi 3 décembre, pour dénoncer la situation économique des universités, très majoritairement en déficit et plombées par un sous-financement de l’État qui dure depuis plusieurs années. Un mouvement auquel les étudiants en pharmacie ont participé.
En 2024, « 60 universités sur 74 risquent d’être en déficit ». C’est ce triste constat qui pousse aujourd’hui la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) à encourager une grande opération de mobilisation, visible sur les réseaux sociaux avec le hashtag #UnivALaDérive mais aussi dans les facultés ce 3 décembre. Un sentiment de ras-le-bol d’abord exprimé par le monde enseignant et l’association France Universités (l’ex-Conférence des présidents d’universités), qui ont ensuite sollicité les associations étudiantes.
Ce mardi, des étudiants en pharmacie ont participé à cette action menée pour alerter sur les dangers qui guettent les universités et les étudiants si l’État n’investit pas davantage dans l’enseignement supérieur. « Dans certaines facultés de pharmacie, comme à Lille et à Clermont-Ferrand, les portes ont été fermées ce matin. Dans d’autres universités, notamment Toulouse, les étudiants étaient symboliquement habillés en noir », décrit Valentin Masseron, porte-parole de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF).
Sur le compte X de l’ANEPF, Valentin Masseron a tenté de résumer les difficultés que de nombreux étudiants rencontrent au quotidien. « Être étudiant en pharmacie en 2024, c’est parfois manquer de professeurs qualifiés, avoir trop de cours magistraux, étudier dans des locaux exposés à de l’amiante ou des produits chimiques… », déplore l’étudiant, qui redoute que la situation n’empire encore au vu des dernières mesures budgétaires évoquées par le gouvernement (même si ce dernier pourrait très prochainement faire les frais d’une motion de censure qui semble désormais inéluctable). « À Toulouse, où j’étudie, nous avons des salles de TP qui sont impraticables, nous sommes obligés d’aller sur un autre campus… Il y a un gros problème au niveau des infrastructures, avec des bâtiments qui ne sont plus du tout aux normes. La situation économique de nos universités est grave. Pour donner un exemple, la fac de Poitiers est en déficit cette année alors qu’elle ne l’avait jamais été jusqu’à présent », raconte l’étudiant en pharmacie.
L’ANEPF et la FAGE appellent aujourd’hui le pouvoir politique à investir pour les étudiants qui, en plus de devoir se former dans un environnement pas toujours idéal, sont de plus ne plus nombreux à faire face à d’importantes difficultés économiques tout au long de leur cursus. Selon une étude menée par la Conférence des doyens de médecine à laquelle ont répondu 12 500 étudiants en santé, la moitié d’entre eux doit travailler pour financer ses études et 40 % dépendent d’un soutien financier direct de leurs parents.
Les difficultés économiques actuelles des universités et les coupes budgétaires envisagées remettent également en cause une avancée attendue depuis longtemps par les étudiants en pharmacie, la réforme du troisième cycle (R3C), pourtant érigée en priorité par l’ensemble de la profession. « Comment appliquer correctement la R3C si nos universités n'ont plus assez de budget ? », interroge Benjamin Mercier, vice-président de l’ANEPF en charge de l’accompagnement des élus.
Dans un communiqué envoyé le 2 décembre, la FAGE critique elle aussi sévèrement la politique de l’État. « Il n’est pas concevable que la majorité des universités commence l’année 2025 en déficit. Le sous-financement des universités a des conséquences directes sur les conditions de vie des étudiants et étudiantes et la qualité de leur formation : diminution du nombre de places, chute du taux d’encadrement, non-rénovation du bâti… », expose la FAGE. La fédération étudiante redoute notamment que les universités cherchent de nouvelles sources de financement, qu’elles pourraient être tentées de trouver auprès des étudiants eux-mêmes, par exemple en augmentant les frais d’inscription. Des étudiants qui, comme expliqué précédemment, sont déjà nombreux à devoir se battre pour réussir à payer leur formation. Pour alerter l’opinion et les autorités, les étudiants sont invités à participer à trois journées de mobilisation en ce mois de décembre. Les deux premières auront lieu partout en France, ce 3 décembre donc, puis le 5 décembre. Une troisième journée d’action est également prévue le 10 décembre à Paris.
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