La perspective de voir la réforme du troisième cycle court des études de pharmacie (R3C) appliquée dès la rentrée 2024 est encore bien incertaine. Reçus mercredi 15 novembre par des conseillers de la ministre de l'Enseignement supérieur et du ministre de la Santé, les représentants de la profession n'ont pas caché leur déception à l'issue de cet entretien.
Mardi 21 novembre, les étudiants en pharmacie seront dans la rue pour demander la mise en place de la réforme du troisième cycle court des études de pharmacie (R3C). Une réforme qualifiée de prioritaire par l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), mais aussi par l'ensemble de la profession pour renforcer l'attractivité de la filière et assurer l'avenir du maillage pharmaceutique. Elle doit notamment mettre en place des DES courts officine et industrie, avec une amélioration de la rémunération et du statut des étudiants. Ces derniers demandent notamment un doublement de l’indemnité de stage et la création d’indemnités d’hébergement en zone sous-dense.
La réunion organisée le 15 novembre devait permettre d'avancer enfin sur le dossier. De l'avis unanime de tous ceux présents lors de cet entretien, notamment la présidente du Conseil national de l'Ordre, c'est pourtant la déception qui prédomine. « Il y a eu très peu d'avancées sur les engagements du gouvernement sur la question du troisième cycle, y compris sur la question de l'indemnité forfaitaire d'hébergement pour laquelle la ministre de l'Enseignement supérieur m'avait pourtant indiqué récemment que son obtention était en très bonne voie, regrette amèrement Vincent Lisowski, président de la Conférence des doyens de pharmacie. L'ensemble des représentants de la profession sont tous très déçus. La mobilisation prévue le 21 novembre est maintenant inéluctable », conclut-il.
Même sentiment du côté de Lysa Da Silva, présidente de l'ANEPF. « Certaines propositions qui nous ont été faites ne sont pas du tout cohérentes. Le gouvernement envisage par exemple de loger les étudiants en pharmacie en stage dans les internats des centres hospitaliers universitaires. Or les étudiants de la filière officine ne font pas leurs stages dans ces établissements et ils ont déjà du mal à loger les internes qui, eux, y travaillent », estime l'étudiante. Alors que l'ANEPF demande un doublement de l’indemnité de stage des étudiants sur 12 mois, les ministères concernés seraient prêts à accéder à cette demande mais seulement sur… neuf mois. Au-delà de ces problématiques financières, un désaccord profond existe entre les différentes parties sur la manière de mettre en place cette réforme. « Pour nous, cette réforme doit être mise en place dans sa globalité. On nous explique qu'il sera impossible d'appliquer tous les points de la réforme dès la rentrée prochaine. Pour certains, il faudrait attendre la rentrée 2025 voire plus tard. Si l'on procède ainsi, cela ne pourra que fragiliser la réforme », redoute Lysa Da Silva.
Si le gouvernement n'est pas défavorable à la réforme du troisième cycle court des études de pharmacie, il ne semble pas partager le sentiment d'urgence des doyens, des étudiants ou encore des syndicats de pharmaciens. Pour l'ANEPF il est hors de question de se contenter des maigres concessions faites par les ministères concernés, ou d'accepter une réforme bâclée. « Si cela reste en l'état, l'ensemble de nos revendications ne pourront pas trouver de réponses favorables avant 3 ans au minimum. Se mobiliser est donc plus important que jamais. On ne lâchera pas, les étudiants méritent d'avoir une formation de qualité », souligne la présidente de l'ANEPF. Un message que les étudiants et les pharmaciens feront de nouveau passer le mardi 21 novembre.
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