Tout au long de la crise sanitaire, les pharmaciens n’ont compté ni leur temps, ni leurs forces pour répondre aux nombreuses sollicitations du gouvernement et accéder aux besoins de la population. Cet investissement serait-il déjà oublié par les pouvoirs publics ? Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est en tout cas bien décidé à leur rafraîchir la mémoire. Car si les pharmaciens sont parvenus à juguler, autant qu'ils ont pu, les effets du Covid sur leur bilan officinal, il risque de ne pas en être de même avec les conséquences de mesures gouvernementales que Philippe Besset qualifie de « délétères ». « Je n'y vois qu’une sanction pour l’officine. Et une sanction tout à fait injuste », a alerté le président de la FSPF à l’occasion des « Amphis de l’officine », le 10 septembre.
Et de faire un inventaire noir de la menace économique qui pèse sur une profession à peine relevée de la crise sanitaire : 70 millions d’euros de baisses de prix ajoutés aux 120 millions d’euros liés au déremboursement de l’homéopathie en 2021, ce sont environ 200 millions d’euros de pertes qui attendent le réseau officinal l’année prochaine. Sans compter la réduction du délai d’écoulement des stocks en cas de changement de prix qui pourrait entraîner, selon la FSPF, une perte supplémentaire de 45 millions pour le réseau.
Compenser et valoriser
Philippe Besset fait un calcul simple : réparti sur l’ensemble des effectifs des pharmacies, le poids de ces mesures gouvernementales reviendrait à baisser le salaire mensuel de chaque collaborateur de 50 euros. Est-ce acceptable alors que, dans le même temps, les personnels hospitaliers sont parvenus dès cette année à obtenir une revalorisation salariale de 60 euros ? Il semble compliqué, insiste le président FSPF, de poursuivre le déploiement des missions à l’officine, dans l’esprit de la loi HPST, « si l’avenir financier de chaque pharmacie n’est pas assuré ».
Les solutions ne sont pas multiples. À l’instar du Ségur de la santé, Philippe Besset appelle de toute urgence à la tenue d’un « Ségur de la ville ». Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 sera également l’occasion de porter ces revendications d’une « valorisation du travail officinal » et d’une « compensation des sanctions financières ». Et de menacer, « si les pouvoirs publics persistaient à faire la sourde oreille, ils iraient au-devant d’un gros problème avec les pharmaciens ».
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