Les syndicats de pharmaciens hospitaliers et d'internes en pharmacie hospitalière protestent contre une proposition qui permettrait aux pharmaciens d'officine d'effectuer des remplacements en établissement de santé.
« Non à une qualité des soins à deux vitesses ! » C'est le slogan, un rien provocateur, qu'utilisent les syndicats de pharmaciens hospitaliers et d'internes en pharmacie hospitalière pour dénoncer un dispositif dérogatoire, mais inique selon eux, qui pourrait bientôt pallier la pénurie de professionnels dans les établissements de santé. Une proposition sera, en effet, prochainement mise à l'arbitrage du ministère. Elle a été validée par la section H du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), selon ces organisations syndicales, mais sans concertation préalable avec les instances représentatives de la profession.
La solution envisagée vise à permettre aux pharmaciens officinaux, non titulaires du diplôme d'études spécialisées (DES) de pharmacie hospitalière, d’effectuer des remplacements - jusqu'à quatre mois par an - en établissement de santé. Ces pharmaciens hospitaliers rappellent que « l'exercice en pharmacie à usage intérieur dans les établissements de santé nécessite une formation spécialisée correspondant à 4 années supplémentaires pendant l’internat et permettant d’acquérir les connaissances spécifiques et l’expérience nécessaire à cette spécialité ». Parallèlement à une pétition mise en ligne qui a récolté 1 500 signatures à ce jour, les représentants des pharmaciens hospitaliers ont adressé un courrier à la direction générale de l'organisation des soins (DGOS) dans lequel ils déclarent vouloir faire barrage à l'intervention des officinaux. « Plus tard, permettrons-nous à un médecin spécialisé d’être remplacé par un médecin qui n’a pas effectué la spécialisation ? », interrogent-ils, refusant « de revenir en arrière sur le niveau de compétence nécessaire pour exercer à l’hôpital ». Depuis le décret du 9 mai 2017, en effet, l’exercice en PUI est soumis à l'obtention d'un DES de pharmacie hospitalière. Les pharmaciens exerçant en établissement de santé effectuent par conséquent quatre ans d’internat dans cette spécialité.
Outre les risques inhérents à la pratique en PUI de professionnels non formés à cette activité, les syndicats s'interrogent sur la pertinence d'un tel dispositif qui amplifierait la pénurie de professionnels en officine et menacerait le maillage territorial « par la fuite de pharmaciens de la ville vers l’hôpital ».
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