Jean Coutu, Pharmaprix, Uniprix sont des noms d’enseigne dans lesquelles vous trouverez au Canada, une pharmacie. L’enseigne offre, en plus de la pharmacie, de nombreux services (bureau de poste, épicerie, cosmétique, parfumerie, papeterie…).
Pour devenir pharmacien communautaire au Canada - hors Québec - il faut être titulaire d’un doctorat ou baccalauréat en pharmacie (4 ans) proposé par l’une des 10 universités canadiennes et réussir l’examen national du Bureau des examinateurs en pharmacie du Canada (QCM et oral de simulations de situations ordinaires). Chaque province a ses propres exigences pour l’obtention du permis d’exercer : expérience professionnelle, langue et examens sur la jurisprudence, législations et normes d’exercice de la pharmacie… Le Québec a ses particularités. Il faut être titulaire d’un baccalauréat en pharmacie, avoir validé ses stages de formation professionnelle et maîtriser le français pour y être pharmacien.
Un métier très respecté
Très respectés en tant que spécialiste de la pharmacothérapie, les pharmaciens collaborent avec les patients et leurs familles, ainsi que les équipes de soins, pour prendre en charge la santé des Canadiens. La profession de pharmacien est réglementée au niveau provincial et national. Malgré les différences territoriales qui peuvent se retrouver, les principales missions restent plus ou moins identiques pour tout le pays et tendent à s’uniformiser. Leur rôle a beaucoup changé au cours de ces dernières années, notamment grâce à l’élargissement de leurs champs de possibilités, leur permettant de se concentrer sur l’aspect clinique des soins du patient.
En plus de la gestion de la pharmacie et de la prestation de services, le pharmacien canadien doit aussi évaluer la pertinence du traitement prescrit (bonne molécule, bonne dose, interactions médicamenteuses, etc.), examiner le dossier pharmacologique du patient, effectuer le suivi des médications, et conseiller les autres professionnels de santé par rapport à certains traitements et leurs bons usages.
Droit de prescription
Il peut aussi prolonger la prescription de certains médicaments, prescrire au patient des analyses de laboratoire pour suivre l’efficacité ou la tolérance des médicaments, ajuster l’ordonnance du médecin (il peut modifier la forme, la dose, la posologie ou la quantité d’un médicament), substituer un médicament pour un autre, prescrire des médicaments dans certaines conditions (départ en vacances, supplémentation en fer ou acide folique lors d’une grossesse…) et en cas de problèmes de santé courants et facilement reconnaissables (cystite simple, eczéma, vaginite à levures, etc.). Ses missions sont en cours d'évolution puisque la loi 31 prévoit de les étendre.
En raison du coronavirus, certains rôles ont été mis en place dès le 18 mars 2020, comme prescrire et administrer des vaccins, prescrire et administrer des médicaments en cas d’urgence (naloxone, salbutamol), effectuer un prélèvement en introduisant un instrument dans le pharynx, prescrire un médicament OTC et évaluer la condition physique et mentale d’une personne dans le but d’assurer l’usage approprié des médicaments. À ces missions vont aussi s’ajouter l’ajustement et la prolongation de prescriptions de tous les prescripteurs (et non uniquement des médecins comme c’est le cas aujourd’hui), cesser une thérapie médicamenteuse selon une ordonnance ou à la suite d’une consultation effectuée à la demande d’un prescripteur, prescrire et interpréter des analyses de laboratoire et tout autre test afin d’assurer le suivi de la médication. Chaque province a ses spécificités. Ainsi, en Alberta, le pharmacien peut prescrire une ordonnance sans les contraintes auxquelles sont soumis les autres. Et en Ontario, il ne peut pas substituer un médicament à un autre. L'association des pharmaciens du Canada (APhC) vient de lancer en 2020 une initiative d’harmonisation du champ d’exercice des pharmaciens canadiens. La première partie de cette démarche va se concentrer sur un des problèmes les plus importants au Canada : la gestion des traitements aux opioïdes.
Formation indispensable
La formation continue est indispensable pour l’activité du pharmacien qui doit se tenir à jour de l’évolution des recommandations. Dans un pays où tous les patients n’ont pas accès à un médecin, le pharmacien offre des soins de première ligne et joue un rôle important dans la continuité des soins et dans les pratiques collaboratives entre professionnels de santé. Le diagnostic des maladies est réservé uniquement aux médecins mais le pharmacien est formé pour procéder à la surveillance de la pharmacothérapie. Il peut donc apprécier les symptômes décrits par le patient et demander des analyses supplémentaires dans un but non pas de diagnostic mais de surveillance.
Dans toutes ses tâches, le pharmacien est aidé par des techniciens en pharmacie (équivalent du préparateur en France) dont le rôle est de leur permettre d’offrir plus de services cliniques au patient. Le technicien s’occupe plutôt de l’aspect technique de l’ordonnance (enregistrement informatique), il collecte des renseignements sur le patient qu’il transmet au pharmacien, prépare la médication (il compte le nombre exact de comprimés à remettre au patient) et contrôle l’inventaire (réception, rangement des commandes, registre des périmés, etc.).
Démarches à suivre
Si l’envie vous prend de venir exercer au Canada, sachez que les démarches diffèrent selon que vous souhaitez vous installer au Québec ou dans une autre région. Pour les provinces hors Québec, après analyse du dossier, le candidat doit passer un examen d’évaluation des connaissances acquises et un examen d’aptitude. Ce dernier (QCM et oral de mises en situation de pratiques courantes en pharmacie) vise à déterminer si le candidat dispose des connaissances, compétences et capacités nécessaires à l’exercice de la pharmacie en tant que débutant, de manière sécuritaire et efficace. Les compétences linguistiques sont évaluées et il est aussi demandé au candidat de connaître la législation et réglementation des médicaments, de l’exercice de la pharmacie à l’échelle provinciale et nationale, ainsi que le code de déontologie. L’équivalence peut aussi s’obtenir via des programmes de formation d’appoint proposés par les universités.
Pour l’équivalence québécoise, il existe une entente entre la France et le Québec. Le pharmacien français doit : soit réussir la partie orale de l’examen d’aptitude (pas besoin de passer l’examen d’évaluation comme les autres), faire une formation d’appoint sur la législation et le système de santé, puis valider un stage d’internat de 600 heures ; soit réussir le programme de formation d’appoint de l’Ordre (programme intensif en 16 mois entre 8 000 et 10 000 $*, au nombre de places limitées) et valider le stage d’internat.
Les salaires
Les coûts pour un pharmacien français désirant obtenir son équivalence au Québec sont d’environ 5 383,22 $ (hors taxes). Ce qui reste « avantageux » par rapport à d’autres provinces (environ 5 478 $ pour la Colombie Britannique ou 6 027 $ en Ontario) ou par rapport des candidats d’origine différente. Et le délai moyen est d’environ 14,5 mois.
Mais ces frais sont rapidement remboursés puisque le salaire d’un pharmacien canadien s’élève à environ 104 646 $ par an (salaire moyen de l’année 2019). Le pharmacien québécois a le salaire le plus élevé dans le pays en 2019 avec 112 199 $ à l’année contre 93 743 $ par exemple en Nouvelle-Écosse.
D’après les chiffres que l’Ordre des pharmaciens du Québec nous a communiqués, 37 permis d’exercice ont été délivrés ces 3 dernières années à des Français et 94 depuis le début de l’entente France-Québec en 2011. 226 demandes ont été reçues depuis 2011 soit un taux de réussite d’environ 42 %.
* Le dollar canadien vaut 0,64 euro.