LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - La crise du monde agricole a-t-elle des répercussions sur l’économie des officines rurales ?
YVES TROUILLET. - Aujourd’hui le monde rural est divisé en deux. Il y a celui proche des villes, qui se développe, mais il y a aussi celui des campagnes reculées qui lui, à l’inverse, subit la chute de la démographie. Toutefois, globalement, d’une part la population du monde rural est en progression, et, d’autre part, l’activité des pharmacies n’est pas seulement liée aux agriculteurs. Dans de nombreux endroits, on voit se créer à nouveau un tissu social autour de personnes qui reviennent vivre dans les zones rurales. L’amélioration des transports, mais aussi la mise en place des 35 heures et le nouveau rythme de vie qui les accompagne, n’y sont pas étrangers.
Certes, mais face aux déserts médicaux qui se développent, comment s’en sortent les officines rurales ?
C’est vrai que la désertification médicale est une préoccupation. Car dès lors qu’il n’y a plus de médecins dans un village, la pharmacie en subit les conséquences. À mes yeux, l’avenir de la pharmacie rurale passe avant tout par la mise en place d’un parcours de soins coordonné et le développement de la coopération interprofessionnelle. Les nouveaux rôles, comme le pharmacien correspondant ou le pharmacien référent, vont permettre de maintenir des pharmacies en équilibre économique et de préserver leur mission de santé publique.
Est-il difficile de trouver des remplaçants et des adjoints en zone rurale ?
Si l’on se réfère aux données parues récemment dans le « Quotidien du Pharmacien » sur l’emploi en pharmacie*, on réalise qu’il existe un réservoir de personnel pour la pharmacie rurale. Mais je sais bien que ce n’est pas aussi simple que cela. Souvent, il ne s’agit pas d’emplois à plein-temps, et la pharmacie rurale est confrontée aux mêmes problèmes économiques que les officines situées dans d’autres secteurs. Toutefois, pour les confrères qui ont perdu leur emploi, l’exercice en zone rurale peut être une solution. D’autant que, avec les 5 000 départs à la retraite programmés pour les quatre ans à venir, il y a certainement des possibilités à exploiter. Par exemple, pourquoi ne pas mettre en place une sorte de tutorat pour que les pharmaciens ruraux qui souhaitent partir à la retraite passent progressivement la main à de jeunes pharmaciens ? Cela me semble préférable plutôt que de ne pas pouvoir céder son fonds. Car les candidats à la reprise ne sont pas nombreux dans les campagnes.
Justement, comment inciter vos confrères à venir exercer en milieu rural ?
Je peux comprendre que lorsque l’on sort de la faculté on hésite à quitter les villes universitaires pour se retirer dans des zones reculées. Pourtant, c’est une expérience qui mérite d’être vécue. En effet, on prend beaucoup de plaisir à exercer dans un village où le pharmacien bénéficie d’une forte reconnaissance de la part de ses patients. À la campagne, on explore toute la palette du métier de pharmacien.
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