LA QUERELLE qui enflamme depuis plusieurs mois ce tranquille territoire en forme de rectangle qui jouxte le sud du Canada évoque, par bien des aspects, les débats européens actuels sur l’ouverture du capital des pharmacies. En 1963, le Sénat du Dakota du Nord promulgua une loi selon laquelle au moins 51 % du capital des officines devait être détenu par les pharmaciens qui les exploitent, dans le but de préserver les petites pharmacies rurales. Depuis cette époque, le paysage pharmaceutique local se distingue par sa bonne répartition, notamment dans les zones isolées, où les pharmaciens sont souvent les seuls professionnels de santé à exercer dans certains secteurs. Le phénomène de concentration des pharmacies dans les villes ou les centres commerciaux situés le long des autoroutes est inconnu dans cet état ; l’Association des pharmaciens du Dakota du Nord met en avant la qualité et la proximité du service rendu par leurs 170 pharmacies, tout en soulignant que le panier moyen des dépenses pharmaceutiques y est inférieur de près de 10 % à celui observé dans le reste du pays.
Supercherie.
Tout irait pour le mieux dans cet état aux allures de décors de western, dont le nom de la plus grande ville, Fargo, évoque les diligences poursuivies par les Sioux, si les grandes chaînes de supermarchés, qui possèdent aussi des pharmacies, n’avaient récemment décidé de lancer une nouvelle offensive contre les pharmacies indépendantes. Le groupe Wal-Mart, numéro un mondial des supermarchés, a en effet lancé récemment une offre commerciale dans tout le pays, en proposant des génériques à 4 dollars la boîte, initiative bientôt suivie par ses principaux concurrents, Walgreens et Target. Bien évidemment, les pharmaciens indépendants ne s’alignent pas sur cette offre, ce qui a donné aux chaînes un nouvel argument pour les attaquer : selon elles, en effet, la législation du Dakota du Nord « prive les habitants de médicaments bon marché ». Les chaînes ont donc financé, en sous main, la création d’une association de consommateurs, « les Dakotiens du Nord pour des médicaments abordables » qui réclament haut et fort l’abrogation de la loi sur les pharmacies.
De leur côté, les pharmaciens crient à la supercherie, et font valoir que l’offre à 4 dollars ne porte que sur un tout petit nombre de médicaments, lesquels ne sont pas forcément les meilleurs, et vise uniquement à attirer les clients dans les pharmacies de ces groupes… pour leur faire acheter ensuite beaucoup de produits nettement plus chers. Ils dénoncent aussi les statistiques avancées par les chaînes, selon lesquelles ils seraient plus chers sur tous les articles qu’ils vendent, et mettent en avant les risques de la déréglementation, avec, en premier lieu, la disparition des pharmacies rurales et du service local, comme dans les autres états américains. Pour répondre aux chaînes, les pharmaciens ont lancé eux aussi une campagne de communication, « les Dakotiens du Nord pour la vérité sur les prescriptions », avec des publicités dans la presse et des spots à la radio et à la télévision, de même, bien sûr, qu’un site internet, avec des pétitions de soutien consultable à l’adresse http://www.knowtherxtruthnd.com/
Servir les clients.
Rappelant que les grandes chaînes ont déjà été déboutées plusieurs fois dans leur tentative de faire changer la loi du Dakota du Nord, les pharmaciens espèrent, cette fois encore, que leurs parlementaires les soutiendront lorsque la question sera à nouveau abordée par le Sénat de l’état, à majorité républicaine, dans les mois à venir. Actuellement, selon les derniers pointages, 14 sénateurs sont favorables au maintien de loi, 9 souhaitent l’abroger et 12 sont indécis, tandis que, chez les « représentants », qui constituent la seconde chambre du parlement, la proportion est de 32 membres pour le maintien et 27 contre : forts de cette majorité, les pharmaciens espèrent néanmoins la consolider pour maintenir leur mode de travail original au service de la population. « Ici, nous n’avons pas besoin de grands présidents-directeurs généraux pour nous apprendre à servir nos clients », rappellent-ils dans leurs campagnes de communication.
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