Ma précédente chronique dans ces colonnes ayant été consacrée à la démondialisation induite en partie par le coronavirus, je n'ai pas d'autre choix que de montrer aujourd'hui que le même virus va nous renvoyer dix ans en arrière en termes de progrès économique et social. Il s'agit plus de réalisme que de sombre pessimisme. Quand on assiste à un krach boursier aussi puissant, krach encouragé stupidement par Donald Trump, qui vient d'interdire aux Européens de passer les frontières américaines, on comprend qu'il faudra des mois, sinon des années, de pénurie ou de retard social, pour que le monde des échanges et de la prospérité reprenne des couleurs.
De sorte que, curieusement, le Covid-19 nous place devant le fait accompli sur le plan du réchauffement climatique. L'activité ayant ralenti partout dans le monde, les images de la planète prises par satellite ont changé : elles indiquent une baisse sensible de la pollution terrestre. C'est un double paradoxe : il aura fallu une pandémie en tous points détestable pour que l'objectif devenu impérieux du genre humain, la réduction de l'effet de serre, lui soit imposé par la peur de tomber malade et de mourir. Ce qui n'a pas été possible tant que l'humanité se complaisait dans la consommation devient une nécessité vitale. À une crainte que tout le monde ne partageait pas, se substitue une terreur qui nous oblige tous à travailler moins, à polluer moins, à vivre plus sobrement et à adopter des coutumes spartiates. Ce que notre libre-arbitre n'a pas produit nous a été enfoncé dans la gorge par un mal invisible et encore très mystérieux pour la plupart d'entre nous.
Le gouvernement français a réagi calmement, mais avec une très grande fermeté, à une catastrophe imprévisible qui n'a rien de politique. Ce qui n'a pas empêché les partis d'opposition, de réagir, après un temps d'hésitation, par une critique sans réserves. S'ils étaient au pouvoir, ils feraient mieux que lui. Nous ne manquerions pas de masques sanitaires. Nous aurions dépensé quelques milliards de plus pour protéger ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Paradoxalement, les gilets jaunes devraient pourtant être satisfaits. Ils réclamaient la hausse de leur pouvoir d'achat, ils ont obtenu la baisse de celui des nantis, façon de réparer l'injustice dont ils se croient victimes. Ce seraient là les effets positifs d'une malédiction, le juste retour de manivelle, l'égalité par le plus petit dénominateur commun. Ils ne semblent pas avoir compris que la croissance est le moyen unique de créer la richesse dont ils revendiquent, à juste titre, la part qui leur revient. Ni que plus il y a de pauvres et moins sortir de la pauvreté devient facile.
La sagesse nécessaire
Dans l'action de l'exécutif, il y a un ingrédient esssentiel : la France n'est ni la Chine ni l'Italie et, il serait temps que l'on s'en rende compte, elle n'est pas gouvernée par Trump. Elle ajuste son tir en fonction du danger que représente la cible. Elle ne cède pas à la facilité et à l'impéritie en fermant ses frontières avant que cela ne soit nécessaire. Ce n'est pas par inertie qu'elle jugule le malheur mais par sagesse. Hélas, voilà que, une fois de plus, le Covid-19 est repolitisé. Ce qui déclenche une querelle ou une bataille où il y aura des gagnants et des perdants. Si le pouvoir parvient à contrôler la pandémie, il sera remercié par ses électeurs ; sinon il achèvera son parcours, peut-être plus vite qu'il ne croit. Qu'on me permette de regretter cet état de fait : l'unité du pays est indispensable à la victoire contre le virus. Faut-il se poser la question et demander si les jugements négatifs exprimés par tant de responsables ne concourent pas au nombre de cas et au nombre de décès ?
Ainsi vont la vie, mais aussi le danger, la peur, l'oblitération de l'avenir dans notre France éternelle qui, quoi qu'il arrive, saura un jour panser ses plaies. Mais c'est tellement dommage qu'au terme de cette épreuve historique, comparable à une guerre, les déchirures nationales ne soient pas recousues.
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