La répartition a atteint les limites de ses capacités financières. À tel point que si la situation perdurait, le dispositif d’approvisionnement du médicament pourrait être réellement compromis. Comme le rappelle Olivier Bronchain, président de la CSRP, « en 2008, le résultat d’exploitation des répartiteurs était de 200 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 19 milliards d’euros. En 2016, il était de zéro pour un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros ».
En cause, le mode de rémunération. Il est basé, pour les princeps, sur une marge de 6,68 % sur le prix fabricant (soit 0,81 euro pour un prix moyen fabricant de 12 euros, avec un minimum de 0,30 euro par boîte et un plafond à 30 euros). Pour les génériques, la situation est plus complexe encore. Le secteur de la répartition a en effet peu à peu repris la main sur un marché dont la distribution était, à l’origine, captée par les fabricants. En prenant leur suite, les répartiteurs ont adopté leurs conditions commerciales, concurrence oblige.
C’est dire si un tel modèle de rémunération n’a pu prouver sa robustesse face à la baisse des prix des médicaments, tout comme au développement des génériques (40 % des produits distribués). Ni du reste à la montée de la vente directe (1 boîte sur trois, 75 % pour le paracétamol). Ces difficultés ne sont pas nouvelles. Elles ont fait l’objet de plusieurs rapports, tel celui de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Selon Hubert Olivier, vice président de la CSRP, l’attitude des pouvoirs publics évolue cependant, comme en témoigne le rendez-vous obtenu en février dernier par les représentants de la CSRP auprès d’Agnès Buzyn. Et plus récemment la réponse fournie rapidement par la ministre de la Santé à la question écrite d’une députée portant sur l’avenir de la répartition.
Vers un mode de rémunération mixte
Comme les pharmaciens, obligés de se trouver un nouveau mode de rémunération déconnecté du prix de la boîte du médicament, les grossistes-répartiteurs sont aujourd’hui acculés à une réforme similaire. En effet, les efforts d’optimisation, notamment la suppression de 1 000 postes sur les 13 000 emplois de la branche, n’ont pas porté leurs fruits durablement. « La marge réglementée s’est infléchie de 200 millions depuis 2008, rendant la situation insupportable », déplore Olivier Bronchain. Sur sa marge de 1,1 milliard d’euros, la répartition doit s’acquitter de 200 millions de taxes sur la vente en gros.
Pour maintenir leur activité dans les conditions fixées par le législateur et répondre aux attentes des Français, très attachés à ce service*, les grossistes-répartiteurs doivent renouer avec leur niveau de marge de 2008. C’est donc, a minima, sur une revalorisation de leur rémunération de l’ordre de 200 millions d’euros que vont porter les travaux du groupe qui se créera conjointement avec les services de la Direction de la Sécurité sociale (DSS) d’ici à la fin mai. « Nous sommes dos au mur et nous devons être force de propositions afin de trouver avec le ministère des solutions durable », expose Hubert Olivier. Parmi ces solutions pourraient figurer les suggestions du rapport de l’IGAS, à savoir une rémunération combinant un forfait à la boîte et une marge variable. Ou encore une rémunération spécifique pour les produits sensibles (froid, stupéfiants…).
* Selon un sondage IPSOS sur l’accès aux médicaments réalisé en mars 2018 pour la CSRP.
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