Entre Chine et Amérique
Yiyun Li est une transfuge. Non seulement elle est née à Pékin (en 1972) puis a quitté son pays pour s’installer aux États-Unis afin d’effectuer des études de médecine, mais aussi, une fois diplômée en immunologie, elle a décidé d’abandonner la pratique médicale pour se consacrer à l’écriture. Il est vrai qu’« Un millier d’années de bonnes prières »?(1), paru en 2005 (son deuxième livre après le roman « Un beau jour de printemps », précédemment traduit en français), lui a valu d’être désignée comme l’un des meilleurs jeunes auteurs du moment. Le cinéaste Wayne Wang s’est d’ailleurs emparé de deux des dix nouvelles, dont celle qui donne son titre au livre, pour réaliser un diptyque (sorti en 2008).
La nouvelle éponyme relate le séjour de M. Shi chez sa fille, installée en Amérique et récemment divorcée, dans le but de l’aider à surmonter sa peine. Il s’aperçoit vite que Yilan n’a pas besoin de lui et que maintenant tout les éloigne : leurs cultures, leurs âges, leurs modes de vie, leurs langages. « La Princesse du Nebraska » a pour héroïne une jeune Chinoise étudiante aux États-Unis, qui, après des vacances en Chine, se découvre enceinte de Yang, un jeune artiste. Elle décide de partir à San Francisco pour interrompre sa grossesse. L’ex-amant de Yang essaie de la convaincre de garder l’enfant.
Yiyun Li nous parle aussi de grand-mère Lin, célibataire de 50 ans, qui, après avoir été licenciée sans indemnités de son usine, accepte d’épouser un homme âgé et malade ; de M. et Mme Su, cousins, mariés par amour contre la volonté de leurs familles et qui cachent à leur entourage l’existence de leur fille handicapée ; et d’autres personnages pris dans la complexité de leur histoire personnelle dans une société en pleine mouvance.
De l’humour… grinçant
Journaliste et prix Interallié avec « l’Ombre portée », en 1961 (il est né en 1918), Jean Ferniot s’est illustré autant avec des ouvrages politiques qu’avec des livres de défense et illustration de la nature et des légumes. Avec également des nouvelles, comme « Caprices de la chair » (2). Le livre est placé sous le signe de l’humour… grinçant. Il réunit 17 textes dans lesquels les événements quotidiens servent de point de départ à des intrigues rocambolesques, qui illustrent nos innombrables travers et faiblesses.
« Caprices de chair » montre ainsi comment un jeune prêtre, qui se sentait quelque peu abandonné par Dieu, finit par céder aux avances d’une prostituée et comment, dépouillé de son habit de bon jeune homme d’Église, il devient un homme tout court qui s’ouvre aux faiblesses qui sont le propre de la nature humaine : il peut alors entendre la confession de la fille, une écoute vraie qui amène la jeune femme à renoncer à son métier.
Son obsession : l’Amérique
Sophie Simon est un cas. Après des débuts au cinéma (Patrick Grandperret, Cédrick Klapish, Claire Denis), elle s’est lancée dans sa vraie passion, l’écriture. Elle a d’abord été le « nègre d’un nègre » puis a commencé des dizaines de romans qui n’ont pas abouti mais qui, bizarrement, étaient tous situés en Amérique… alors qu’elle n’a aucun lien avec les États-Unis, où elle n’a effectué que de brefs séjours et dont elle n’est pas du tout une spécialiste.
Du roman à la nouvelle, voici « American clichés » (3), au titre explicite. Les héros viennent des quatre coins des États-Unis, ils ne vivent pas à la même époque, n’ont rien en commun, si ce n’est une réalité qui ne leur convient pas vraiment. Au moment où on les rencontre, il se produit quelque chose qui devrait changer leur vie. Mais, en Amérique, on le sait, rien n’est jamais perdu, il faut continuer comme si tout allait bien.
Ainsi de Ed et de sa femme – tout commence dans les années 1950, alors que le mythe de l’American Dream est à son apogée – qui coulent des jours tranquilles jusqu’au soir où Ed renverse par mégarde le fiancé de sa nièce. Le repas prévu chez le frère aura quand même lieu, la petite Angie fuguera le temps d’une nuit puis reviendra, le témoin de l’accident, qui n’est pas intervenu non plus pour sauver le garçon, se montrera solidaire dans la lâcheté. Tout est revenu dans l’ordre.
Nouvelles de soi
Après avoir rendu hommage à son père dans « Henri Vincenot, la vie toute crue », Claudine Vincenot donne un livre de nouvelles à forte influence autobiographique. Ses « Petites histoires douces amères » (4) nous conduisent de la Bourgogne, avec ses paysans du vignoble, au Maroc, où elle a enseigné pendant quinze ans, avec les Berbères de l’Atlas ou le petit peuple de la médina de Fès, en passant par le Paris des années d’après-guerre. Sa palette est large et ses personnages attachants.
(2) Grasset, 235 p., 18 euros.
(3) JC Lattès, 220 p., 17 euros.
(4) Anne Carrière, 271 p., 18 euros.
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