Le Quotidien du pharmacien.- Le PLFSS pour 2020 vous semble-t-il plus ambitieux que les précédents ?
Claude Le Pen.- Je ne vous cache pas ma déception car, au-delà de la diversité des petites mesures, l’architecture globale de ce PLFSS ressemble à celle des précédents. À ceci près que, pour la première fois depuis 1996, les paramètres économiques ont été modifiés en cours de route, l’ONDAM (1) ayant été revu à la hausse, 2,45 % au lieu de 2,3 %, en raison de l’enveloppe supplémentaire accordée aux établissements de santé. Mais la mécanique algébrique est celle que l’on retrouve d’un PLFSS à l’autre. Ce sont des modèles de projection, des modèles de calculs hors sol, qui ne correspondent pas au fonctionnement du système en vie réelle, ni aux besoins des professionnels de santé et des patients. Il en résulte un PLFSS court-termiste, très traditionnel, qui donne le sentiment d’être en décalage avec les ambitions exprimées par le gouvernement dans son plan « Ma santé 2022 » et qui arrive au moment même où le gouvernement s’inscrit dans une tout autre dimension, veut décloisonner le système, mettre en place des CPTS, réformer les études, installer le Health Data Hub…
La polémique suscitée par la rallonge budgétaire accordée à l’hôpital n’occulte-t-elle pas d’autres pans significatifs de ce budget alors même que 920 millions d’euros d’économies sont prévus sur le prix du médicament ?
Cette réduction des dépenses de médicaments est désormais un grand classique. Il s’agit d’une baisse constante d’année en année, comme l’a par ailleurs attesté le CEPS (2) dans son analyse des dépenses de villes portant sur une décennie. Depuis dix ans, l’officine subit un effet prix négatif doublé d’un effet volume négatif, de sorte que la croissance du médicament remboursable à l’officine est trois fois inférieure à celle de l’ONDAM.
Au-delà de la maîtrise comptable des coûts de santé, ce PLFSS 2020 doit également contribuer à la transformation du système de soins. Quelles sont les avancées qui vous apparaissent comme les plus marquantes ?
En ce qui concerne l’officine, il est à noter que les mesures les plus marquantes, les plus positives, proviennent davantage du champ conventionnel que du PLFSS ! Ce PLFSS a certes ajouté en dernière minute un article concernant l’approvisionnement en médicament des communes dépourvues de pharmacie (amendement 530 à l’article 44) mais on retiendra surtout la confusion engendrée par l’article 66 et les manœuvres successives intervenues sur le principe « tiers payant contre générique », et un potentiel alignement des prix des princeps. Au final, on est revenu à l’ancienne formulation assortie d’un moratoire de deux ans ; et encore, il ne s’appliquera qu’aux nouvelles molécules génériquées.
De même, la mesure concernant les médicaments à marge thérapeutique étroite (MTE) et la mention NS MTE que pourront apposer les pharmaciens. Si on peut se réjouir que ceux-ci détiennent un rôle plus important, cette mesure semble pour le moins contradictoire, car pourquoi laisser le générique cohabiter si une MTE peut s’appliquer ?
De toutes ces mesures, il ressort une impression de précipitation, d’improvisation, de brouillon… Il n’était pas utile de toucher à l’ancien système d’incitation aux génériques. Nous avions un modèle qui fonctionnait bien. L’article 66 constituait un dossier majeur de ce PLFSS et on reste sur notre faim. Ceci est d’autant plus paradoxal qu’il avait été voté il y a un an, on avait donc le temps de se préparer.
(1) Objectif national de dépenses d’assurance maladie.
(2) Comité économique des produits de santé.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion