Les Anglais en particulier et les Européens en général qui, dupés par le discours des leaders populistes, s'enthousiasment pour ce recul sans précédent de l'Union, ne savent pas ce que le « Brexit » leur coûtera en argent, en qualité de vie, en espoir pour l'avenir, en puissance politique, en bonheur d'appartenir à un grand ensemble dont les différences auraient continué à s'effacer. Le pire qui puisse arriver aux peuples, c'est de renoncer à un idéal, de rejeter un rêve, de refuser de se situer dans la longueur du temps pour obtenir satisfaction dans la minute. Le pire, c'est ce torrent de haine pour l'autre qui a déterminé le vote « leave », alors que l'Europe est conçue pour le mélange des jeunesses, des cultures, des connaissances, des langages, des génies nationaux. Qu'est-ce qu'il y a de gratifiant dans un passeport strictement britannique quand on a la possibilité d'être citoyen européen, de pouvoir aimer son pays et d'autres pays, son peuple et d'autres peuples, sa langue et d'autres langues ?
Voilà pourquoi le débat technique sur les parités monétaires, les termes de l'exclusion britannique, la politique que vont devoir conduire les leaders européens et principalement François Hollande et Angela Merkel, les méthodes propres à contenir la catastrophe me semblent, pour le moment, hors de propos. Trois jours après le référendum fatidique, il nous faut encore réagir à la sidération qui accable ceux d'entre nous qui n'ont pas la chance de se voiler la face, qui ne sont pas aveugles, qui discernent sans réserves ni nuances les effets de cette prime scandaleuse ainsi accordée au populisme, à la démagogie, à une immonde vulgarité, à la bêtise, oui, je ne crains pas de le dire, parce que le vote britannique est suicidaire et qu'il faudra beaucoup d'habileté au gouvernement de David Cameron et celui qui lui succèdera pour en limiter les dégâts. Jamais une telle aberration politique n'aurait pu se produire si les manipulateurs professionnels, j'ai nommé Nigel Farage et Boris Johnson, petits monstres nés de l'inquiétude, de la peur, de la fragilité psychique, de l'absence d'imagination des électeurs, n'avaient utilisé tous les moyens qu'offre la démocratie pour mieux la démolir.
Les ravages du nationalisme
Pour le moment, je laisse à mes confrères éclairés le soin d'expliquer en long et large pourquoi le « Brexit » s'est produit, pourquoi il nous concerne tous (j'espère que c'est clair dans l'esprit des Français), pourquoi il va falloir déployer des prodiges d'ingéniosité pour réparer les dégâts et surtout arrêter net la force centrifuge qui risque d'expulser de la galaxie européenne les pays tentés par un nationalisme ravageur. Pour le moment, j'en veux à tous ceux qui font de la politique au lieu de penser à l'intérêt bien compris de leurs concitoyens. J'en veux à David Cameron, qui a cru se lancer dans l'aventure uniquement pour renforcer son pouvoir et qui, tôt au tard, devra démissionner en laissant un champ de ruines. J'en veux à Boris Johnson qui, aujourd'hui, triomphe au firmament des salauds parce que seule compte pour lui la conquête de son parti et peu importe qu'il y parvienne par des moyens indignes. J'en veux à tous les dirigeants européens pour leur égoïsme partisan qui, en toute occasion, leur a fait préférer la protection de leur petit et dérisoire pouvoir à l'idéal européen, à tous ces pourfendeurs de la mondialisation, des délocalisations, de l'Europe, qui ont pratiqué l'amalgame le plus indécent, le plus amnésique, le plus primaire, ces petits jeunots qui se poussent du col en s'asseyant sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et préconisent le même nationalisme que celui qui a mis Hitler au pouvoir. J'en veux à ce crachat sur l'histoire, à cette thérapie insensée faite d'un faux diagnostic et donc d'un traitement erroné et mortel, à ceux qui oublient d'où nous venons, à quoi nous avons échappé, et qui n'ont pas d'autre objectif, pour se rendre intéressants, que de nous y envoyer.
Que fait-on de la libre circulation des personnes et des biens, du programme Erasmus, de l'équivalence des diplômes, de cet immense brassage des peuples et surtout de leurs jeunesses, de l'Europe de la culture, de l'Europe qui ne compte que des pays amis et solidaires, des nations qui ont renoncé à tout règlement d'un conflit par les armes ? L'Europe, déjà exténuée par la crise de l'euro, par la crise grecque, par l'immigration, par la menace russe, l'Europe, immense puissance en devenir capable de rivaliser avec la Chine et les États-Unis, l'Europe soudain ramenée à son plus petit dénominateur commun. L'Europe qu'il faut rebâtir.
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