APRÈS AVOIR DÛ la reporter plusieurs fois pour cause d’emploi du temps embouteillé, je viens enfin de suivre la formation sécurité incendie obligatoire pour tous les agents du CHU. Les anciens se souviennent encore du temps où l’on ne faisait pas uniquement de la théorie. On installait des tas de palettes dans une cour, pile sous les fenêtres de la crèche réservée aux enfants du personnel, et on les faisait joyeusement brûler. La fumée qui se dégageait était tellement épaisse qu’il est déjà arrivé que les pompiers du quartier, installés sur la colline d’en face, interviennent en pensant qu’il y avait vraiment un incendie.
Le formateur était un petit bonhomme rigolo qui n’arrêtait pas d’utiliser un mot pour un autre. Ça donnait des expressions bizarres comme « ordinateur à poudre » ou « la fondue savoyarde qui prend feu ». Tout le monde autour de la table de réunion avait l’air de s’ennuyer profondément, alors que c’était très intéressant. Comme nous ne sommes pas un ERP (établissement recevant du public), nous dépendons uniquement du Code du Travail, et la toute première chose à faire quand on embauche quelqu’un, d’après Monsieur Lapsus, c’est lui faire faire la visite complète des locaux pour qu’il sache où sont les portes. Mais attention, pas les portes pour entrer et sortir, hein, mais les issues de secours dédiées uniquement à la sortie pour évacuation (en général cachées par des cartons ou autres encombrants.)
On évitera aussi de bloquer en ouverture les portes coupe-feu qui sont censées se refermer en cas d’incendie, pour compartimenter les zones enflammées. Ou de planquer les extincteurs derrière une étagère ou un chariot… Bon, là, ça y est, ça brûle. Le premier intervenant, ça nous a été répété, c’est moi. Donc, si c’est encore possible, je me munis de l’extincteur visible et accessible le plus proche, je le dégoupille et la suite, ça dépend de quel type d’extincteur je vais me servir.
À poudre, il faut d’abord mettre en pression comme pour un siphon à chantilly, puis attaquer à la base du feu. C’est hyperefficace par étouffement, mais très volatil et très corrosif.
À eau avec additif, le jet sort haché et évite la conductibilité sur une basse tension, mais ça ruisselle, alors, si je peux, je vais éviter sur du courant électrique, pas folle la pharmacienne !
Je vais plutôt, am stram gram, pic et pic et colégram, m’emparer de l’extincteur à CO2 si c’est la cafetière électrique qui a pris feu. En me méfiant, car le gaz sort à moins 70°, donc je ne mets pas la main sur l’embout mais sur la poignée isolante parce que je veux éviter de me geler mes petits doigts.
Autre chose, je suis dans une pièce fermée, je n’ai rien entendu, rien senti, et de la fumée passe sous la porte. Avant d’ouvrir pour me précipiter dehors, je touche la porte. Si elle n’est pas chaude, j’ouvre avec précaution et je sors (et je referme la porte !). Si elle est chaude, inutile, il faut rester où je suis et attendre les secours…
Monsieur Lapsus nous a aussi rappelé de ne jamais raccrocher en premier quand on appelle les pompiers, et de toujours attendre qu’on nous dise « vous pouvez raccrocher ». De ne pas partir, dans la panique, mais d’aller au point de rassemblement. De rester près du sol en cas de fumée importante et de difficulté à trouver l’issue de secours. D’arrêter une personne en feu qui court, et de la mettre à terre avant d’éteindre les flammes en la couvrant d’une couverture, d’un manteau… De jeter une serpillière mouillée et essorée sur une friteuse en feu. De se garer et de couper le contact si l’incendie se déclare dans une voiture. Et la différence entre alarme (action de prévenir de façon interne) et alerte (demande d’intervention des pompiers).
À ceux et celles qui sont partis avant la fin de la formation, dommage, c’est quand même super-important et utile ce genre de connaissances, non ?
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