POUR Nicolae Ghinea, Aurelian Radu et coll. (INSERM U753, Villejuif), la détection du récepteur de la FSH dans le cadre d’un cancer pourrait permettre de déterminer le volume tumoral à cibler pour une ablation chirurgicale ou une radiothérapie. On pourrait aussi envisager que son blocage représente une piste de recherche thérapeutique.
L’étude a consisté à rechercher l’expression du récepteur de la FSH dans des tumeurs malignes par des techniques permettant d’identifier différents épitopes du récepteur, dans des échantillons tumoraux de 1 336 patients, immédiatement après la chirurgie, sans que les patients aient été traités auparavant. Les chercheurs ont décelé cette expression dans toute une variété de cancers : prostate, sein, côlon, pancréas, vessie, rein, poumon, foie, estomac, testicule et ovaire, dans des tumeurs de tout grade, y compris à un stade précoce T1.
Pas exprimé dans le tissu sain.
Plus précisément, le récepteur est exprimé par les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins tumoraux.
Les cellules endothéliales qui expriment le récepteur de la FSH sont situées à la périphérie de la tumeur, dans une couche qui a une épaisseur d’environ 10 mm ; au-delà, il n’est pas exprimé dans le tissu sain. Il est exprimé également dans une couche de même épaisseur, interne à la tumeur. Les vaisseaux lymphatiques ne l’expriment pas. Dans des tumeurs du sein, les auteurs observent que le centre tumoral n’en contient pas.
S’il est possible d’exploiter l’expression des récepteurs de la FSH pour les besoins de l’imagerie, leur localisation permettrait de définir assez précisément le volume de la tumeur. Le récepteur semble spécifique des tumeurs malignes, car il n’a pas été trouvé dans des tissus inflammatoires régénératifs et prolifératifs (pancréatite chronique, polyarthrite rhumatoïde, tissu de cicatrisation cutanée.)
Les auteurs ont complété leur travail par une expérience chez des souris, sur lesquelles a été réalisée une xénogreffe de tumeurs humaines. Après perfusion avec des anticorps antirécepteur de la FSH marqués à l’or colloïdal, le microscope électronique montre que le récepteur est exposé à la surface luminale de l’endothélium. Et qu’il est capable de se lier à un anticorps monoclonal circulant antirécepteur de la FSH, injecté par voie intraveineuse.
La découverte prend tout son intérêt quand on sait que le récepteur de la FSH est exprimé sélectivement sur les cellules de la granulosa de l’ovaire et les cellules de Sertoli des testicules, et aussi, mais à un bas niveau, dans les cellules endothéliales des ovaires et des testicules. Ce sont les seuls endroits où il peut être trouvé dans un organisme non malade.
Les cellules endothéliales.
Deux études avaient rapporté auparavant une détection histochimique de récepteur de la FSH dans les cellules tumorales d’adénocarcinome de la prostate. Mais la présence des récepteurs n’a pas été mentionnée sur les cellules endothéliales. De là est partie l’idée de voir s’il n’était pas exprimé dans d’autres types de cancers.
« Nos expériences in situ (chez la souris) ne peuvent être considérées comme une démonstration que les récepteurs présents sur la microvascularisation des tumeurs sont cliniquement exploitables. » Ce modèle animal n’est pas identique aux situations humaines.
La FSH est une hormone clé de la reproduction des mammifères. Chez la femelle, elle stimule la maturation folliculaire et, chez les mâles, elle stimule la spermatogenèse. La liaison de la FSH à son récepteur dans les cellules de la granulosa induit une régulation positive de VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), ce qui permet de poser l’hypothèse que l’expression du récepteur de la FSH pourrait promouvoir l’angiogenèse des vaisseaux tumoraux en induisant le VEGF et son récepteur VEGF-R2 au niveau des cellules endothéliales. Un autre rôle est évoqué par les auteurs : une induction, par une autre voie de signalisation, du seul récepteur VEGF-R2 indépendamment du VEGF, provoquant de cette façon aussi une angiogenèse.
« Pour les deux mécanismes, nous supposons que le blocage de la signalisation via le récepteur de la FSH pourrait représenter une nouvelle stratégie antitumorale. » La densité des récepteurs de la FSH dans les cellules endothéliales de gonades est bien inférieure à ce qu’elle est dans les tumeurs ; il est peut-être possible de trouver une « fenêtre thérapeutique » pour ne pas affecter ces organes.
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