LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Aumônier de l’AFPC, délégué diocésain au monde de la santé, ancien généraliste, les casquettes ne vous manquent pas…
PÈRE JACQUES FAUCHER.- En effet. C’est ma deuxième année en tant qu’aumônier des pharmaciens catholiques et cette mission m’intéresse beaucoup. Les officines sont des lieux rares où les patients sont accueillis sans rendez-vous par un professionnel de santé. C’est un lien social très fort pour les personnes isolées, où des réseaux se créent entre officinaux, médecins et infirmières.
Quels conseils les pharmaciens peuvent-ils trouver à l’AFPC ?
Nous organisons des journées annuelles avec des thématiques pratiques : comment aborder la question de l’alcool ? De quelle manière accueillir un client agressif ? Cette année, nous avons travaillé sur l’accueil des personnes dépressives, en dialoguant avec des psychiatres, des psychologues et d’autres associations. Ces échanges nourrissent la réflexion des pharmaciens. L’AFPC est pluraliste et réunit des approches différentes. C’est ce qui fait sa richesse.
Comment analysez-vous le libre accès à certains médicaments ?
La vraie question c’est plutôt : jusqu’où ira l’évolution du métier ? Les pharmaciens s’inquiètent d’une mise en concurrence des officines, et de la précarisation des plus petites, de la polémique avec le groupe Leclerc… Ils craignent aussi les réseaux importants qui veulent faire baisser le prix des produits. Ce climat est source de malaise, car c’est l’aspect financier qui domine et non la solidarité. Étant moi-même médecin, je déplore ce choix car je suis frappé par la compétence des pharmaciens.
Quelles sont vos réflexions sur la délivrance des contraceptifs ?
La pilule et le préservatif ne sont pas des produits comme les autres. Il importe de mettre une parole sur la prescription. Concernant le préservatif, il faut inviter les jeunes à parler de leur sexualité. Le professionnel de santé peut développer un accompagnement pour permettre à chacun d’être responsable dans sa vie. La pilule du lendemain doit être prise de manière exceptionnelle, alors que les officinaux peuvent faire face à des demandes répétées. A-t-on le droit d’interroger les patientes ? Certains pharmaciens se posent des questions : ils ne sont pas là pour juger mais pour entamer le dialogue. Nous nous interrogeons sur une pratique humanisante de la profession pour remplir notre rôle face aux demandes, et permettre à chacun de faire son choix en conscience.
Les patients en fin de vie ont aussi besoin de leurs pharmaciens…
Il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre l’euthanasie, mais de soigner au mieux la douleur et de développer les soins palliatifs. Les pharmaciens sont présents auprès des familles et des malades. Ils peuvent aussi se mobiliser pour leur fournir du matériel : lits électriques, respirateurs… Les professionnels de santé peuvent offrir un soutien psychologique et une souplesse sur le terrain.
Que pensez-vous des avancées de la bioéthique ?
Les pharmaciens peuvent appuyer les patients dans leur démarche de procréation médicalement assistée, et répondre aux questions sur le don d’organes.
‹ENCADRE›
L’AFPC édite Les cahiers Albert Legrand, qui réunissent les débats animant la profession et des articles spécifiques.
Abonnement annuel : 28 euros, ou un exemplaire sur demande.
Tél. : 0143265119
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