Certification qualité des officines

Un programme IFMO pour l’Outre-mer

Publié le 16/03/2015
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Particulièrement bien implanté dans les départements d’outre-mer, le groupement IFMO y a entrepris, via sa branche qualité « Qualiphar », la certification de nombreuses officines, avec un cahier des charges tenant compte de leur spécificité.

LA RÉUNION compte 250 officines, dont une trentaine adhèrent à IFMO. Les conditions d’exercice y diffèrent de la métropole pour des raisons climatiques évidentes, mais l’île présente aussi des conditions sanitaires particulières, avec, notamment, une très forte prévalence du diabète et de l’asthme. Le pari de la certification y est d’autant plus difficile qu’il n’est pas forcément simple d’aller former les équipes en métropole, à 12 000 km de là, et les pharmaciens qui se lancent dans l’entreprise doivent donc consacrer beaucoup de temps et d’énergie à ce travail.

La pharmacie de la Plaine Saint Paul, dans l’ouest de la Réunion, est désormais la première officine de l’île à avoir subi l’ensemble des procédures de certification, avec à la clé un diplôme décerné par le bureau Veritas. Pour Patrick Petit, titulaire de la pharmacie de la Plaine Saint Paul, la certification a représenté un travail de trois ans, mené avec toute son équipe, mais qui a renforcé les liens entre ses collaborateurs : avant explique-t-il, les gens travaillaient côte à côte, et maintenant ils travaillent ensemble.

Le pharmacien a choisi de certifier l’ensemble de son officine et non pas seulement certains secteurs des programmes de qualité, même si l’accent a été mis sur des domaines spécifiques comme le développement durable ou la chaîne du froid. Cet aspect est d’autant plus fondamental que le climat réunionnais est chaud et humide. La pharmacie s’est dotée de dispositifs de contrôle et de sécurité très élaborés pour garantir la température des réfrigérateurs, y compris lors des fréquentes coupures de courant dues aux cyclones. De plus, elle emballe tous ses produits sensibles, notamment les vaccins et l’insuline, dans des sachets isothermes qui évitent leur dégradation après l’achat à la pharmacie. « Nous avons choisi d’être parfaits dans tous les domaines, même au prix de procédures lourdes », résume M. Petit, qui voit aussi des avantages concrets à tous ses efforts : « le remplacement des lampes classiques par des lampes LED, et une meilleure gestion de la climatisation nous a permis de réduire de 50 % notre facture d’électricité », constate-t-il. Plus globalement, la pharmacie travaille mieux et le service s’améliore… même si les patients ne s’en rendent pas forcément compte. Autre exemple d’innovation « invisible » mais fondamentale, le meilleur entretien des aérosols loués aux patients, incluant un contrôle systématique de la pression de l’air, pour que chaque appareil soit toujours parfait. « Quand vous entrez dans une pharmacie sans être du métier, vous ne voyez pas toujours la différence, mais si vous avez un œil professionnel, vous pouvez tout de suite voir si la pharmacie a passé une certification ou non », observe M. Petit.

Les procédures de certification dans les DOM vont se multiplier dans les années à venir, relèvent les responsables de Qualiphar, qui soulignent bien sûr aussi l’importance de celles-ci en métropole : selon le pharmacien directeur d’IFMO et Qualiphar, Jean-Luc Bury, la certification deviendra sans doute une obligation incontournable d’ici à 2020 ou 2025, et l’ensemble de la profession et de ses représentants travaille activement à cette évolution.

DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3162