LES DÉPUTÉS ont adopté le plan d’économies présenté par le Premier ministre, Manuel Valls. Et avec lui, la contribution de 10 milliards d’euros demandée à l’assurance-maladie, dont 3,5 milliards rien que sur le poste Médicament d’ici à 2017. « J’assume ! » a martelé Manuel Valls, affirmant que ce plan était « calibré » et « juste » et qu’il n’était « en rien de l’austérité ».
Pour remplir l’objectif d’économies, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a de son côté expliqué qu’elle misait sur de nouvelles baisses de prix et un développement encore accru des génériques, dans le cadre d’une progression de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) de 2 % en moyenne sur les trois prochaines années (« le Quotidien » du 28 avril). « Cela représente entre 1 et 1,5 milliard d’euros de plus sur trois ans que les économies annuelles déjà demandées », s’inquiète Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour lui, c’est clair, ce plan est « impossible » à supporter pour l’officine. D’autant qu’aux baisses de prix s’ajoutent des mesures de maîtrise médicalisée à hauteur de 2,5 milliards d’euros. Au total, le médicament contribuera au tiers des économies, alors qu’il ne représente que 15 % des dépenses d’assurance-maladie, souligne le président de l’USPO. « Il y a un déséquilibre manifeste, observe-t-il. Un ONDAM à 2 % signifie -4 à -6 % pour le réseau officinal ».
Dégradation économique.
Déjà, il y a quelques jours, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) avait alerté le gouvernement sur la forte dégradation des indicateurs économiques des pharmacies observée au premier trimestre. « La perte de marge s’élève, en effet, à 3,7 % par rapport au premier trimestre de l’année 2013, soit la plus forte baisse dans l’histoire du réseau officinal », indique le syndicat. Le plan annoncé devrait donc mettre encore un peu plus les pharmacies dans le rouge. « C’est la raison pour laquelle il devient urgent de changer de mode de rémunération », affirme Philippe Gaertner. En effet, « l’introduction d’un honoraire de dispensation permettra d’amortir les effets sur la marge des baisses de prix industriel des médicaments et aux pharmaciens de s’acquitter pleinement de leurs missions de santé publique ».
Dans ce contexte économique difficile, le nouveau plan de réduction des dépenses risque, à en croire Gilles Bonnefond, de donner le coup de grâce au réseau. « Ce plan d’austérité va conduire des pharmaciens à la faillite, en particulier les jeunes installés et ceux exerçant en zone rurale confrontés aux déserts médicaux », estime le président de l’USPO.
Des risques pour le réseau.
Selon Gilles Bonnefond, cette opération aurait même été calculée par les pouvoirs publics. « Je crains que le gouvernement ne fasse pas ces économies par erreur d’appréciation, estime-t-il. C’est une stratégie pour sacrifier le réseau officinal ». Au final, pense-t-il, la disparition de 5 000 officines en trois ans est en cours… Une perspective inacceptable pour Gilles Bonnefond, qui appelle l’ensemble de la profession à la mobilisation.
Les risques de déstabilisation du réseau semblent en effet bien réels. L’économiste de la santé Jean de Kervasdoué l’assure, 10 milliards d’euros (soit 0,5 % du PIB) ne peuvent pas facilement passer inaperçus et être sans conséquence sur, par exemple, la survie de certaines officines pharmaceutiques (voir sa tribune en page 4).
Au-delà des pharmaciens, c’est toute la chaîne du médicament qui se trouve fragilisée par ce plan de 50 milliards d’euros. « Marisol Touraine hypothèque l’investissement et la relance économique par les industries de santé », déclare le LEEM (Les entreprises du médicament, voir également notre article en page 3). Son président, Patrick Errard, considère que ces mesures d’économies auront aussi des conséquences sur la qualité des soins. « Ce n’est pas en hypothéquant l’arrivée des innovations thérapeutiques sur le marché français, en affaiblissant les capacités de production nationale de médicaments de marque et de génériques, et en fragilisant l’indépendance sanitaire du pays, que l’on préservera la qualité des soins », déplore-t-il. Le bras de fer avec le gouvernement a commencé et durera jusqu’au prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que certains qualifient d’ores et déjà de « sanglant » pour la pharmacie.
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