ON POURRAIT sous-titrer ce magnifique ensemble « La longue marche de Diane de Selliers », à l’instar de la traduction littérale du « Ramayana », « la longue marche de Rama ». Éditrice hors norme qui ne publie qu’un seul livre de littérature illustrée par an, des « Fables de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry » en 1992 jusqu’à « L’Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d’Angers » l’année dernière (l’éclectisme est l’un de ses atouts), Diane de Selliers a mis dix ans pour rechercher, avec son équipe, les images qui illustrent le texte qu’elle a décidé de publier après avoir été fascinée par son premier voyage en Inde. Ce sont plus de 5 000 miniatures qui ont été recensées, issues de collections publiques et privées du monde entier. Sept cents sont reproduites dans l’ouvrage. Une merveille.
Les traditions mogholes et indiennes.
C’est à la fin des années 1580 que l’empereur moghol Akbar « le Grand », soucieux de favoriser la compréhension entre les cultures hindoue et musulmane, a fait traduire en persan l’épopée écrite aux environs de notre ère par Valmiki, un homme de naissance modeste, qui, selon la légende, l’aurait rédigée à la demande du dieu Brahma. Destiné à être tour à tour parlé et chanté, le «?Ramayana?» est « le premier poème » ; il comporte 24 000 distiques.
Ce premier manuscrit fut illustré par 176 peintures et suivi par trois autres également illustrés ; dans cette édition, on reconnaît les miniatures de type moghol à leur format vertical et à leur style réaliste et précis. Le premier manuscrit hindou du « Ramayana » qui nous est connu a été commandité en 1649 et le peintre Sahibdin, de l’atelier royal d’Udaipur, a privilégié des feuillets de format horizontal en recourant au principe de la narration continue, accompagnée d’une perspective plongeante. Puis, jusqu’au milieu du XIXe siècle, des milliers de miniatures indiennes ont été créées dans les royaumes rajputs du Rajasthan, les collines du Punjab, les sultanats du Deccan, dans le centre et le sud de l’Inde.
La geste de Rama.
« Le Ramayana » raconte la vie exemplaire du prince Rama, en qui s’est incarné le dieu Vishnu pour triompher du démon Ravana, qui, par la force de son ascèse, était devenu invulnérable. Banni par son père, Rama quitte le royaume d’Ayodhya pour un exil de quatorze années dans la forêt, accompagné de son frère Laksmana et de son épouse Sita. C’est là que Ravana enlève Sita et l’enferme dans son palais, sur l’île de Lanka. À l’issue d’une guerre sanglante entre l’armée des singes avec le vaillant Hanuman, conduite par Rama, et l’armée des maléfiques, conduite par Ravana, Rama tue Ravana, délivre Sita et devient roi d’Ayodhya. Après dix mille ans de règne, Rama monte au ciel sous sa forme divine de Vishnu, suivi dans la mort par tous ses proches et sujets. Seul demeure Hanuman, qui, selon certains, vit encore dans l’Himalaya, fidèle à sa mission de chanter les louanges de Rama.
La profonde sagesse de Rama, sa grandeur d’âme et son adresse prodigieuse font de lui un héros légendaire pour les hindous. Avatar du dieu Vishnu, doué de toutes les qualités et pourvu des plus hautes vertus, il est l’incarnation du dharma et le protecteur du monde des vivants.
Une lecture à plusieurs entrées.
On ne répétera jamais assez que cet ouvrage n’est pas seulement le chef-d’œuvre de la littérature indienne, considéré depuis toujours comme un texte sacré dont les valeurs s’adressent à tous les hommes, mais une œuvre d’art (qui justifie son prix). Pour aller plus loin dans la compréhension du texte et de l’illustration, plusieurs spécialistes nous accompagnent.
« Le Ramayana » est présenté dans la traduction de référence publiée en 1999 sous la direction de Madeleine Biardeau et Marie-Claude Porcher dans la Bibliothèque de la Pléiade. Qu’elle soit présentée en prose plutôt qu’en vers n’enlève rien de la force poétique de l’épopée. Tiré de cette édition de Gallimard, un livret d’accompagnement comprend des jalons chronologiques, une table de prononciation des mots sanscrits, des notices et des notes sur le texte, un répertoire et une table générale des chants et des chapitres. Par ailleurs, Amina Taha Hussein-Okada, conservateur en chef au musée des Arts asiatiques Guimet en charge des arts de l’Inde, nous offre, grâce aux 600 commentaires sur les miniatures, une meilleure compréhension de la peinture, de la culture, de la religion, des traditions et des rites indiens.
144 pages, 660 miniatures en couleurs. Format 29 x 27 cm, sous coffret illustré. Reliure en toile floquée spécialement dessinée par le créateur Franz Potisek à partir des manuscrits moghols du Ramayana, titres aux fers dorés. Prix : 850 euros jusqu’au 31 janvier 2012, 940 euros ensuite.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion