L'approbation massive de nos concitoyens au mouvement ne permet pas de croire à un retour au calme dans quelques jours. Les organisations syndicales et l'opposition politique veulent transformer l'essai : si les grévistes sont satisfaits d'avoir fait dérailler la machine productive, la droite et l'extrême droite en attribuent la seule responsabilité au gouvernement. Lequel tente d'envoyer à la fois des signaux de fermeté et un appel au dialogue, position éminemment inconfortable qui ne rendra pas plus crédibles les concessions éventuelles qu'il pourrait faire pour calmer le jeu.
La totalité de la rebellion s'appuie sur la haine qu'inspire Emmanuel Macron. Jamais un président de la République n'a été aussi détesté. Deux tiers des Français sont hostiles à réforme des retraites, alors qu'au départ ils la réclamaient. Et si le chef de l'État dispose d'une cote de popularité comprise entre 35 et 39 %, ce qui n'est pas catastrophique, ce n'est pas parce qu'il est aimé dans son pré-carré, c'est parce que nombre d'intellectuels, de décisionnaires et d'investisseurs croient à une réforme permanente, celle qui assure l'adaptation au jour le jour de la société française à la mondialisation, à la désindustrialisation et à une compétion délétère.
La césure
La césure, elle est là : elle est dans la poursuite d'une amélioration des conditions de vie individuelles quand l'État ne peut prendre en compte que la macro-économie. Les médias se précipitent depuis des mois pour faire parler les maires, les salariés, les petits pensionnés, les gens fragiles dont la plainte est sincère et la douleur profonde. Les grandes réformes du travail, du chômage et des retraites n'ont pour objectif que de créer un système plus juste, notion qui ferait rire les syndicats, mais pourquoi le pouvoir s'acharnerait-il à changer la donne s'il ne souhaitait un succès populaire au bout de ses efforts ? Et si M. Macron ne songeait qu'à sa popularité, il se contenterait de trahir ses promesses de campagne et de ne rien faire.
En outre, le débat est en quelque sorte pollué par ceux qui continuent à décrire comme un paradis possible un système égalitaire. Ils rappellent même que Franklin Roosevelt avait taxé les riches à 90 % de leurs revenus. Mais c'était pendant la guerre. Quand Thomas Piketty tire avantage d'une célébrité qu'il a acquise en remettant le marxisme au goût du jour, il offre au peuple une bouée de secours. Il ne dit pas que, si les mesures qu'il préconise étaient appliquées, la fuite des capitaux serait gigantesque et son plan serait mis en échec parce qu'il irait à contre-courant des règles qui régissent le système mondial d'échanges commerciaux. L'épreuve vécue par ceux qui touchent des salaires insuffisants ou des pensions trop basses ne serait rien comparée à une simple récession induite par le refus des acteurs de l'économie d'investir et de créer le moindre nouveau projet.
Le mouvement social est d'autant plus vaste qu'il est, au regard des réalités économiques, désespéré. En l'absence de réformes, la France ne va nulle part. Il n'est pas question ici d'absoudre un exécutif qui, épouvanté par sa propre audace, a tenté de lancer une réforme vitale en catimini et s'est retrouvé sous la mitraille des discours et des actes de ses opposants. On peut tout dire. On peut penser que la France est irréformable, ou que la marche à franchir est trop haute, qu'il y a eu en France, depuis près de trois ans, trop de réformes. Mais on peut aussi constater que, arrogance ou pas, le président de la République nourrit une immense ambition pour son pays, lequel va jusqu'à ignorer les réformes (notamment des retraites) accomplies par nos voisins et partenaires commerciaux. Ce n'est pas le sort de Macron qui compte, c'est notre destin en tant que nation indépendante bien préparée à subir les pires orages. Nous n'en prenons pas le chemin si nous bloquons les réformes dont, collectivement, nous avons besoin.
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