Les peuples ont perdu non seulement leur innocence, mais leur optimisme. Ils ne se contentent pas de se battre dans des conflits régionaux, ils se querellent au sein de la même communauté nationale avec une violence croissante. Dans les pays démocratiques, le système est censé calmer le jeu en donnant la souveraineté à une majorité dont l'action est limitée dans le temps. Mais aujourd'hui, à cause d'une médiatisation permanente des moindres faits et gestes et des réseaux sociaux, ceux qui estiment n'être pas représentés par la majorité continuent à la rejeter et, d'une certaine manière, à vivre en dehors d'elle.
Les scandales, les « révélations », les attaques incessantes contre toute forme de pouvoir finissent par compliquer la gestion d'un pays au point où se réalise la prédiction des oppositions, à savoir que la nation devient ingouvernable. Cette confontation permanente entre l'exercice démocratique du pouvoir et la contestation exprimée en dehors des instances parlementaires consume les meilleures de nos démocraties.
C'est ainsi que les Britanniques, peuple intelligent et industrieux, en sont arrivés à se porter eux-mêmes un coup fatal en s'engageant dans le Brexit. Ils n'ont pas fini d'en payer la facture. C'est ainsi que l'extrême droite est parvenue à faire vaciller une Allemagne qui fut d'une stabilité exemplaire jusqu'à l'automne dernier. C'est ainsi que les régions sont saisis d'une frénésie indépendantiste, comme la Catalogne, qui veut à n'importe quel prix affirmer sa singularité au mépris de ses propres intérêts. C'est ainsi que se poursuit le rêve d'une Corse indépendante. Que s'affaiblit l'Union européenne, que la Pologne et la Hongrie bafouent des droits pourtant imprescriptibles. Que la chute morale des Etats-Unis devient vertigineuse.
L'arsenal de Poutine
Mais il y a bien plus grave. Il y a l'ambition de roitelets que le hasard ou la nécessité ont rendu surpuissants et qui font de leur force agressive le pire des usages. L'exemple le plus frappant de ce contraste entre la nullité d'un homme et l'incroyable désastre qu'il peut accomplir est fourni par le dictateur syrien, Bachar Al-Assad. Il tire son influence de la Russie et de l'Iran. Sans Poutine, Bachar serait déjà mort ou en prison. Le plus étrange, c'est que ce genre d'homme ne nourrit jamais le moindre doute. Vladimir Poutine était heureux, jeudi dernier, de présenter des armes nouvelles qu'il considère, à tort ou à raison, comme les instruments de la domination du monde, puissances nucléaires comprises. Si on prend deux minutes pour analyser cette fanfaronnade, on s'aperçoit que, au fond, Poutine est prêt à faire subir aux Russes l'horreur d'une riposte atomique, pourvu que lui, le chef de la Russie nouvelle, inflige une défaite à l'Europe ou à l'Amérique.
L'absence des repères éthiques, le cynisme, le mensonge, la cruauté officielle, la haine de ce qui n'est pas soi ont conduit des gens comme Nicolas Maduro à détruire le Venezuela et à faire du peuple qu'il gouverne illégalement un groupe de sous-hommes privés de tout. De la même manière, le président turc, Recep Erdogan, est saisi par une sorte de vertige historique qui l'incite à recréer l'empire ottoman, notamment en éradiquant les Kurdes. Il prétend combattre le djihadisme, mais a fait de la foi religieuse l'instrument ultime de son pouvoir. L'autre jour, dans une sorte spectacle pour indigents mentaux, il a présenté des gosses (tous en larmes) habillés en combattants et qu'il considère comme les échantillons de l'enfance turque vouée à la défense nationale. Les enfants semblaient terrorisés, surtout lorsqu'il a dit que, si plus tard, ils mouraient au combat, ils passeraient à la postérité.
Un détail, une anecdote ? Le symptôme d'une maladie mondiale qui ravage non seulement une partie croissante de l'humanité, mais son enfance, qui n'a même plus le droit à l'innocence.
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