PREMIER RENDEZ-VOUS d’envergure mis en place par la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, le colloque qui s’est tenu mercredi dernier a fait le point sur les problématiques de chacun des maillons de la chaîne du médicament et en particulier sur le modèle de la répartition en France. L’occasion notamment de revenir sur l’initiative de Roche. Le laboratoire a annoncé, début 2010, sa volonté de sélectionner un ou plusieurs grossistes-répartiteurs pour la distribution de ses médicaments en ville.
Jean-François Chambon, directeur des affaires publiques et de la communication du laboratoire, rappelle que cette décision découle de dysfonctionnements répétés sur la distribution des produits Roche. Des produits majoritairement sensibles, destinés à des pathologies graves, à faible rotation, nécessitant une logistique particulière. « Ces dysfonctionnements illustrent les limites que nous atteignons aujourd’hui puisque, pour ces produits qui, pour la plupart, ont fait l’objet d’une sortie de réserve hospitalière, nous sommes dans l’incapacité de répondre aux besoins des patients. » Un choix sélectif d’un ou plusieurs grossistes permettrait au laboratoire de passer un contrat dans lequel le répartiteur s’engagerait à respecter un cahier des charges strict, qui éliminerait les ruptures de stock.
Les grossistes-répartiteurs ont, en France, l’obligation de disposer au moins de 90 % des présentations exploitées, et de livrer toute commande dans les 24 heures à toute officine qui leur en fait la demande. Le projet de Roche sous-tend que certains grossistes ne seront pas sélectionnés et, donc, dans l’incapacité de fournir lesdits produits. Du côté des officinaux, la crainte est de ne plus pouvoir choisir son répartiteur librement. « La chaîne du médicament est totalement régulée, aucun maillon ne doit manquer à ses obligations car si l’un d’eux saute, cela se fera au détriment du patient », souligne Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF).
Droit de regard.
Les incidents rencontrés sont imputables aux changements intervenus ces dernières années. « Avec les sorties de la réserve hospitalière et le droit de substitution, le système a éclaté. Les laboratoires veulent avoir un droit de regard et contrôler la chaîne », affirme Philippe Coatanea, président d’Alliance Healthcare Répartition. Pour Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), il ne faut pas absolument vouloir préserver la chaîne du médicament telle qu’elle est aujourd’hui, mais plutôt l’adapter, sans déstabiliser son fonctionnement général. « En tant que pharmacien, je subis aussi les ruptures de stock, il faut régler ce problème. La loi HPST consacre de nouvelles missions pour le pharmacien, en particulier pour pallier la pénurie de médecins en milieu rural. Mais sans un circuit permettant de répondre aux nouvelles missions, le réseau sera menacé. »
Autre problème : la rémunération des grossistes-répartiteurs, basée sur le même modèle que les officinaux, la marge dégressive lissée, mais avec un palier supplémentaire depuis 2008. Pour tout médicament dont le prix fabriquant hors taxe est supérieur à 400 euros, les grossistes ne touchent aucune marge. Or, ce sont bien souvent des médicaments qui demandent un stockage et un transport spécifiques. La CSRP milite pour une nouvelle rémunération sur ces produits. « Nous travaillons à perte sur les produits chers, une nouvelle marge nous permettrait de mieux répondre à nos obligations de service public », précise Yves Kerouedan, directeur général d’Astera.
Nouveaux enjeux.
L’essentiel, comme le souligne Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), reste de garder en tête que le défi doit rester le même. « Le patient doit avoir le bon produit, au bon moment et dans la bonne quantité. Pour cela il faut une chaîne du médicament solide, solidaire et étanche. Les valeurs que nous défendons ne doivent pas être remises en cause, à savoir le libre choix du patient, le libre choix du prescripteur, davantage de sécurité (traçabilité, lutte contre la contrefaçon) et plus de disponibilité ». Le mot d’ordre ? Travailler main dans la main et apprendre à « anticiper pour éviter les situations d’urgence prévisibles », note Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
« L’État a besoin de faire des économies, les laboratoires aspirent à une proximité accrue avec les pharmacies, voire avec le grand public, l’officine se cherche un futur qu’elle maîtrise… Chacun cherche ses propres solutions séparément et, de ce fait, chacun n’a jamais été aussi menacé (…). Si nous n’y prenons pas garde, nous allons aboutir à un système anglo-saxon que nous n’avons jamais voulu », résume Claude Castells, président de la CSRP. C’est pourquoi il appelle à une révision des obligations des grossistes-répartiteurs « à l’aune des besoins d’aujourd’hui », et à l’accès à une marge réglementée. « Nous mesurons l’étendue de nos devoirs, mais nos missions doivent être redéfinies en fonction des nouveaux enjeux. »
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