Emmanuel Macron tente désespérément de prendre ses distances avec l'action politique quotidienne. Il a donné des consignes strictes au Premier ministre, Édouard Philippe, tenu d'appliquer, avec le concours de la majorité et par le dialogue, le contenu de son nouveau programme. C'est quand même le chef de l'État qui continue à attirer sur sa personne toute la haine des extrêmes, des gilets jaunes et des black blocs, qui se battent pour qu'il quitte le pouvoir et non pour qu'il fasse des concessions sur le plan social.
M. Philippe pour sa part, doit prendre en compte ce facteur négatif s'il veut avoir une chance de réussir. On glose beaucoup dans la presse sur la notion de fusible et le chaos politique qui pourrait, d'ici à quelques mois, en tout cas après les élections européennes, inciter M. Macron à se séparer de son Premier ministre et nommer à sa place un homme moins marqué à droite, par exemple François Bayrou, qui bout d'impatience. Mais on va vite en besogne. Pour le moment, l'équipe qui se vouait corps et âme aux équilibres fondamentaux, Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, est prête à mettre en vigueur les 17 milliards de dépenses octroyées par le président aux foyers les moins nantis.
Un défi budgétaire
Le changement de cap est en soi un défi à la loi de Finances, à la cohésion européenne et aux principes sur lesquels elle repose, à l'Allemagne, confite dans une soudaine mélancolie, et surtout à tous ceux qui, dans l'opposition, attendent impatiemment que le gouvernement se casse la figure. Le tableau, toutefois, n'est pas complètement sombre. Les sondages montrent que M. Macron dispose toujours de ce socle dans l'opinion qui lui a permis de conquérir le pouvoir en 2017. Cette constance de près d'un quart des électeurs représente à elle seule un exploit : car qui aurait cru, après tant de défaites, de maladresses, de fautes et d'erreurs, que ce pouvoir aurait encore une chance de rebondir ?
J'ai déjà expliqué la résilience de Macron par le fait que nombre de ses concitoyens savent qu'après lui, ce sera le déluge. Nous ne sommes plus dans le contexte historique de l'alternance droite-gauche. Bien que les Républicains aient gagné quelques points dans les enquêtes d'opinion sur les européennes, ils ne semblent pas encore en mesure de briguer le pouvoir. On a beau dire, beau faire, exalter la construction européenne, répéter qu'il faut voter pour la renforcer, pour la réformer et pour qu'elle s'occupe vraiment des gens au lieu de gérer le continent de manière technocratique et parfois arbitraire, ces européennes seront un match entre la République en marche et le Rassemblement national, entre Macron et Marine Le Pen, entre le dégagisme de 2017 et celui de 2019.
Il reste que la participation pourrait à peine dépasser les 42 %, que, par ignorance ou indifférence, nos concitoyens ne s'intéressent pas à l'Union européenne, qu'ils considèrent comme lointaine, et qu'il y a dans notre pays un climat si tendu qu'il obère le raisonnement national. Je ne saurais assez le répéter, il faut voter, pour qui on veut, mais il faut voter. L'enjeu, cette année, comme en 2017, est d'une importance capitale. La question ne porte pas sur l'évaluation du macronisme, qui peut être discuté de toutes les manières, exalté ou vilipendé, mais sur ce qu'il peut y avoir au-delà du macronisme.
Car le pouvoir n'est pas privé d'atouts. Comparée à celle des autres pays européens, notre croissance, médiocre en valeur absolue, reste vigoureuse. Et c'est dans la nature de la République en marche de faire deux choses contradictoires en même temps : distribuer de l'argent sans alourdir le déficit budgétaire. De même que chacun d'entre nous a le devoir de voter, de même le gouvernement est capable, s'il le veut profondément, de tenir les cordons de la bourse tout en appliquant son programme dispendieux.
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