L’HISTOIRE de l’association « P.A.S. Yvelines » a débuté en 2004, par un gris dimanche d’hiver. Ce jour-là, Jean Boizard, représentant de commerce à la retraite, est auprès de son épouse, malade et dépendante. Le médecin vient de passer en urgence et a laissé une ordonnance pour la patiente. Problème, le retraité est contraint d’abandonner sa femme bien mal en point pour aller chercher ses médicaments à la seule pharmacie de garde de la région qui se trouve à plus de 15 km de son domicile. Cette situation difficile interpelle Jean Boizard : « Comment obtenir ses traitements urgents lorsqu’on est cloué au lit par la maladie ? » La réponse est vite trouvée : en créant une association de bénévoles qui viendront chercher les prescriptions aux domiciles des patients et leur rapporteront les médicaments achetés dans la pharmacie de garde. L’idée paraît simple. Si simple qu’elle ne tarde pas à se concrétiser. Au terme d’une année de réflexion et de mise au point, Pharmacies Assistance Service Yvelines née. D’abord centrée sur la ville d’Achères (Yvelines), l’association offre ainsi, les dimanches et jours fériés, un service gratuit aux habitants des alentours dans l’incapacité de se déplacer.
Une charte de bonnes pratiques.
En pratique, sur simple appel téléphonique, l’un des 10 bénévoles motorisés d’Achères se déplace gratuitement au domicile des patients bloqués chez eux. Le malade lui remet son ordonnance (obligatoirement de moins de 24 heures), sa carte vitale et sa pièce d’identité ainsi qu’un chèque signé, le tout sous enveloppe close et libellée au nom de la pharmacie accompagnée d’une fiche de mission paraphée par ses soins. En retour, les papiers et les médicaments lui seront remis dans une enveloppe opaque - pour préserver la confidentialité des traitements. « Une charte de bonnes pratiques garantit le sérieux de la démarche », précise Jean Boizard.
Au moment de sa création, son service de portage à domicile avait certes rencontré quelques résistances de la part des officinaux. « Le fait que nous ne fournissions que le strict minimum - une boîte seulement par traitement d’urgence - a réduit à néant l’argument selon lequel notre action ferait perdre du chiffre d’affaires aux officines attitrées du patient », insiste-t-il.
Un lobbying actif.
P.A.S. Yvelines sera bientôt rebaptisée plus explicitement « Vos médicaments le dimanche ». Avec le souci permanent de plus de visibilité, le septuagénaire espère encore et toujours une extension nationale du concept qui a fait ses preuves à l’échelon local. Pour cela, le dynamique retraité redouble d’effort pour faire connaître et promouvoir son association. À force de publicité, de contact et d’articles de presse, il a su rencontrer et convaincre de multiples personnalités et instances : et Jean Boizard de citer pêle-mêle le soutien de l’Association des maires de France, celui du président du conseil général des Yvelines, de nombreux ministres, du président du Sénat et même celui de l’actuel ministre de la santé, Xavier Bertrand, soulignant au passage que ce dernier est un peu l’ami de la famille…
Du côté des pharmaciens aussi on se dit séduit par l’idée. « Les trois présidents de syndicats officinaux m’ont accueilli de façon très encourageante, de même que plusieurs groupements de pharmaciens, certains répartiteurs et quelques associations d’étudiants en pharmacie », aime à rappeler le président de P.A.S. Yvelines. « Pourtant, déplore-t-il, je n’ai pas encore les moyens de réaliser la grande fédération d’associations que j’ambitionne au niveau national ». Le projet, explique-t-il en substance, consiste à créer 95 associations départementales, dont chaque vice-président, titulaire d’officine proposé par le syndicat de pharmacien, coordonnerait son réseau de bénévoles.
Pour l’heure, en plus d’une réelle volonté politique, Jean Boizard manque du petit soutien financier qui lui permettrait d’apposer sur les vitrines des officines de France son affichette d’appel au bénévolat.
À peine blasé, mais toujours combatif, le VRP à la retraite reconnaît avec un peu d’amertume que son concept est « l’article le plus difficile qu’il ait jamais eu à « vendre » de toute sa vie de représentant ».
Fin mars, Jean Boizard, 74 ans, sera présent au salon Pharmagora pour défendre son idée. Pour « Vos médicaments le dimanche », le printemps n’est jamais très loin.
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