Comme la France, le Royaume-Uni et les États-Unis disposent de programmes de dépistage organisé pour les femmes afin de favoriser un diagnostic précoce de cancer du sein (à partir de 50 ans en France, 40 ans au Royaume-Uni et 40 ou 50 ans aux États-Unis selon les sociétés savantes). Néanmoins, l'interprétation des mammographies peut donner lieu à des faux positifs et à des faux négatifs. Afin de réduire ces risques, les chercheurs de Google Health ont élaboré un algorithme performant en s'appuyant sur les imageries de deux centres britanniques (25 856 mammographies) et d'un centre américain (3 097 mammographies).
« La force de cette étude est de porter sur un grand effectif, et d'avoir montré que l'algorithme développé à partir de la cohorte britannique et validé chez des patientes asymptomatiques dans le cadre du dépistage organisé était transposable à la population américaine, commente pour « Le Quotidien » la Dr Marie-Rose El Bejjani, radio-sénologue au centre du sein du groupe hospitalier Saint-Joseph à Paris. L'étude présente néanmoins des limites. Par exemple, les auteurs n'ont pas précisé s'il s'agit d'imagerie 2D ou 3D, or les performances sont différentes pour les deux approches. »
Au Royaume-Uni, le dépistage organisé est recommandé tous les 3 ans et repose sur une double lecture par deux radiologues, alors qu'aux États-Unis, les femmes sont dépistées tous les 1 à 2 ans et seule une lecture simple est réalisée. Dans la cohorte britannique, la spécificité de l'IA (qui témoigne de la réduction du nombre de faux positifs) était augmentée de 1,18 % par rapport à celle du premier lecteur. Quant à la sensibilité (reflétant la réduction du nombre de faux négatifs), elle était augmentée de 2,7 %. Comparé au deuxième lecteur, l'algorithme n'était pas statistiquement non inférieur.
Dans la cohorte américaine, les performances de l'IA étaient améliorées par rapport à celles du radiologue, avec une spécificité et une sensibilité respectivement supérieures de 5,7 % et de 9,4 %. « Les différences de performance entre Royaume-Uni et États-Unis peuvent s'expliquer par la différence du nombre de cancers entre les deux populations », souligne la radiologue. En effet, dans l'échantillon américain, il y avait 22,2 % de cancers parmi les mammographies contre 1,6 % dans la population britannique.
Remplacer la deuxième lecture
Une analyse indépendante incluant six radiologues américains a permis de confirmer les observations faites dans la cohorte américaine, en montrant la supériorité de l'algorithme par rapport à l'homme.
Au cours d'une simulation, l'algorithme développé par Google Health a permis de remplacer la deuxième lecture en réduisant la charge de travail du deuxième lecteur de 88 %, avec des performances équivalentes.
En France, la double lecture est également pratiquée. « Le fait de remplacer la deuxième lecture par l'intelligence artificielle semble intéressant sur le plan économique, néanmoins, en France, nous avons une grande pratique de l'échographie, en cas de doute à la mammographie ou à l'examen clinique, ce qui n'est pas pris en compte dans cette étude », relève la Dr El Bejjani.
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