Les idées énoncées par M. Trump pendant sa campagne électorale correspondaient donc à de fortes convictions et pas seulement à des gadgets destinés à augmenter son audience. Il était sérieux. Il a déjà lancé le démantèlement de l'Obamacare, même s'il n'a pas la moindre idée de la façon de procéder, tout en s'assurant que, dans la période de transition avant la création d'un nouveau système d'assurance-maladie, aucun de ses concitoyens ne soit lésé ; au mépris de l'environnement, il décide la reprise des travaux pour des oléducs capables d'acheminer le pétrole de sables bitumineux du Canada jusqu'aux ports de Louisiane ; au mépris de ses partenaires étrangers, il signe le retrait de son pays du TPP, l'accord de libre-échange trans-Pacifique, ouvrant à la Chine un boulevard qui lui permettra de dominer ses voisins asiatiques ; il s'apprête à nommer à la Cour suprême un juge conservateur susceptible de modifier le droit des femmes à l'IVG ; il est prêt à la rupture avec le Mexique, dont le président devait lui rendre visite. Il a en effet envoyé un message à Enrique Peña Nieto pour lui faire savoir que, s'il n'était pas prêt à payer pour l'achèvement du mur séparant les deux pays, il n'avait pas besoin de venir à Washington. Il va interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis et revoir de fond en comble la législation sur l'immigration et, surtout, la délivrance des visas.
Trump a reçu vendredi la Première ministre britannique, à laquelle il a apporté un soutien sans failles au sujet du Brexit. Theresa May, empêtrée dans sa grande politique de divorce avec l'Union européenne, croit trouver dans un rapprochement avec l'Amérique une compensation à ce que le Brexit va coûter au Royaume-Uni. Mais nul besoin d'être le plus fin des politologues pour comprendre que, avec un partenaire aussi profondément égoïste, le partage des intérêts communs se fera certainement à son profit.
Les journalistes sont « malhonnêtes »
On devrait logiquement reconnaître que M. Trump reste fidèle à lui-même, qu'il reste en tant que président le grossier bateleur qu'il fut en tant que candidat, et que, en prononçant quelques énormités apparemment inapplicables, il annonçait en réalité un programme qui, soudain, devient crédible. Le peuple américain, plus divisé que jamais, lui a exprimé son sentiment sous la forme de manifestations qui l'ont indigné : Trump adore haïr ses adversaires et ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, mais il souffre d'être détesté, un peu comme s'il ne réalisait pas tout à fait le mal qu'il fait aux autres. Du coup, il s'en prend à quelques corps constitués, notamment la presse américaine où il a constaté la présence des « gens les plus malhonnêtes d'Amérique ». C'est sans doute pourquoi il préfère les tweets aux questions opiniâtres des journalistes, mais il ne s'est pas privé pour autant de dire son fait à l'Europe, méprisable continent qui se fourvoie dans les valeurs démocratiques, lors d'un entretien avec des journalistes anglais et allemand, ni de tenir des conférences de presse au cours desquelles il ne répond pas aux questions qui le dérangent et qu'il dirige comme un magistère. Il se déclare en faveur de la torture, dont, dit-il, il croit à l'efficacité. Contrairement à toutes les lois en vigueur et aux traités signés par son pays, il exerce sur les industriels américains un chantage : ou bien ils relocalisent, ou bien ils paieront une taxe à la frontière sur les produits qu'ils auront fabriqués à l'étranger.
On ne sait pas trop où il va, mais pour Donald Trump, ce n'est pas tant le résultat qui compte que l'ivresse éprouvée sur ce chemin qu'il parcourt en bousculant les gens, les choses, les idées et les sentiments. Pour le moment, la cohorte de ses électeurs applaudit bruyamment à ses exploits, tous accomplis pour que la foule rugisse de plaisir. Viendra bientôt le moment où il faudra bien que Trump démontre aux Américains qu'il a amélioré leur niveau de vie. Ce sera miraculeux s'il y parvient dans ces conditions. Mais pas de souci : son système de persuasion, c'est Twitter.
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