Adoptée l’hiver dernier, la nouvelle loi assimile la délivrance du cannabis à celle d’un médicament. Depuis quelques années, il était certes déjà possible d’en obtenir sur prescription, mais les patients devaient demander une autorisation spéciale à l’Office des stupéfiants, en suivant une procédure longue et difficile. Pour cette raison, beaucoup de patients préféraient commander directement à l’étranger, le plus souvent aux Pays-Bas ou en République tchèque, voire produire eux-mêmes leurs plants. Aujourd’hui, les prescriptions de cannabis peuvent être remboursées par l’assurance maladie, mais les caisses se réservent le droit de contrôler les ordonnances avant de les payer. Depuis l’entrée en vigueur de la loi, elles se montrent beaucoup plus sévères, puisqu’elles refusent la prise en charge dans près de la moitié des cas.
Toutefois, de nombreux patients, surtout ceux qui sont « éconduits » par les caisses, découvrent que les achats en pharmacie leur coûtent désormais beaucoup plus cher qu’à l’époque où ils l’obtenaient sur autorisation spéciale, sans parler bien sûr des autres circuits. Les préparations de fleurs de cannabis, mais aussi les spécialités à base de cannabis, ont vu leur prix quasiment doubler depuis le mois de mars.
Résultat, les associations de patients tirent à boulets rouges sur les pharmaciens, accusés de « s’en mettre plein les poches » sur leur dos. Le président de la principale association pour la promotion du cannabis médical, un généraliste qui est aussi le plus gros prescripteur de cannabis en Allemagne, a même commencé une grève de la faim pour dénoncer ce « scandale ». Les officinaux, au contraire, répondent qu’ils ne sont pas responsables de ces hausses de prix, conséquences de plusieurs évolutions légales. Ils soulignent qu’avec la nouvelle loi, toutes les préparations à base de cannabis sont soumises aux mêmes normes de qualité et de contrôle que les médicaments, ce qui les rend mathématiquement plus chères qu’à l’époque où ces procédures étaient moins strictes. En outre, le cannabis autrefois vendu sur autorisation spéciale avait le statut de stupéfiant, alors que le cannabis désormais prescriptible est considéré comme un médicament : les deux catégories de produits ne sont ni taxées, ni facturées sur la même base. Les pharmaciens précisent aussi qu’ils ne sont responsables ni de la manière dont prescrivent les médecins, ni de l’attitude des caisses.
En attendant, beaucoup de patients, déçus, veulent recommencer à commander directement à l’étranger ou à planter eux-mêmes. Une polémique désagréable, largement relayée par la presse et certains partis de gauche, et qui nuit aux pharmaciens, accusés de jouer les méchants dealers, alors même qu’ils se contentent d’appliquer la réglementation.
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