Depuis le comptoir de la Pharmacie de la République à Saint-Denis, dont il est titulaire, Rodolphe Cohen, décèle, deux à trois fois par jour, des ordonnances suspectes. Si le problème est récurrent, il n'en reste pas moins difficile à gérer. « Refuser de délivrer, c'est toujours compliqué. Souvent, cela vient de personnes qui ne font pas un usage détourné du médicament mais qui souffrent vraiment. Même quand on constate que la prescription est vraiment suspecte, on essaie de se montrer compatissant tout en essayant de garder l'ordonnance. » Même s'il examine avec attention la validité du tampon, la date, ou encore la pertinence de la prescription selon l'âge du demandeur, Rodolphe Cohen est bien conscient que certaines ordonnances échappent à sa vigilance.
« Il y a bien sûr celles qui sont volées chez les médecins, dans ces cas-là la police m'alerte parfois en amont et cela permet d'anticiper. Mais la plupart des ordonnances qui me semblent douteuses sont hospitalières, toutes sont informatisées et donc faciles à photocopier. » Dans son officine dyonisienne, les benzodiazépines, les somnifères et prégabaline sont toujours les spécialités le plus souvent inscrites sur les ordonnances suspectes qu'il intercepte. Contrairement à ce que semble démontrer l'enquête OSIAP, il n'a pas constaté, en revanche, une augmentation significative concernant les produits codéinés. Le profil des « coupables » est, lui, très hétérogène. « Quand c'est un toxicomane qui arrive au comptoir, on comprend vite à qui l'on a affaire. Parfois ce sont aussi des grands-pères qui veulent récupérer des médicaments pour des proches dépourvus de droits sociaux. » Pour avoir des précisions, Rodolphe Cohen appelle parfois le médecin à l'origine de la prescription. « Certains sont bien embêtés quand on leur passe un coup de fil, d'autres disent qu'ils ne se souviennent pas de la consultation. Mais il ne faut pas oublier que, parfois, certains rédigent une ordonnance sous la pression de patients qui n'hésitent pas à se montrer agressifs, dans ces cas-là, difficile pour eux de s'y opposer. »
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