JE ME SOUVIENS de mon maître de stage lisant chaque jour les avis d’obsèques dans la presse locale. C’est important de se tenir au courant, me disait-elle, surtout pour ne pas faire de bourde au comptoir. C’est vrai que demander des nouvelles du mari alors qu’il est mort depuis belle lurette serait du plus mauvais goût. Bonjour Madame Untel ; alors votre mari, comment va-t-il ? Réponse : mais il est mort la semaine dernière ! Bien. Rien à ajouter. Comme quoi, il vaut mieux se tenir informé des nouvelles du quartier - écouter les cancans s’avère parfois utile -, ou, comme me disait ma grand-mère, tourner sa langue sept fois avant de dire quelque chose qu’on pourrait regretter. C’est bien ce que j’aurais dû faire la semaine dernière. Un client, après m’avoir tendu son ordonnance, me confiait qu’il souffrait énormément et qu’il n’avait qu’une envie, celle de rentrer chez lui. Je pris l’ordonnance : sérum physiologique, compresses, Proctolog. Dans un élan de compassion et j’avoue, sans réfléchir, je l’invitai à s’asseoir le temps de sortir les produits. Pas sûr que la meilleure chose à lui proposer dans son cas fut de s’asseoir. Tourner sa langue sept fois avant de parler.
Le même jour, je demandais à une autre cliente si elle voulait toute la quantité prescrite de Forlax. Non, je n’en prends pas tous les jours, me répondit-elle. Et moi d’ajouter très naïvement : « Et oui, c’est selon les besoins en effet ». Tourner sa langue sept fois. Une seule fois aurait suffi d’ailleurs. Comme quoi, il n’y a pas que les clients pour nous offrir des perles au comptoir !
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