« LE BUT, c’est d’arriver, "ti-pas ti-pas", comme disent les Réunionnais, de voir mes enfants accourir devant moi. » Stéphane Schweig, pharmacien à Crèvecoeur-le-Grand (Oise), se dit fier de participer à ce « beau sport », qui est quand même une histoire de fous : le trail et même l’ultra trail. Il a couru la plus dure des épreuves, la « Diagonale des fous », justement, qui consiste à traverser de part en part l’île de la Réunion : 150 km, 9 500 mètres de dénivelés, 2 500 concurrents au départ, 1 400 à l’arrivée, une vingtaine d’heures pour le vainqueur, 60 heures de course pour lui ! Deux ans plus tard, c’était le tour du Mont Blanc, 166 km, 9 500 m de dénivelé, mais interrompu pour cause de coulées de boue. Cette année, il repart dans les Alpes, l’année prochaine à la Réunion.
« En trail nature, il n’y a pas de notion de vitesse, parfois on marche, il faut juste ne pas dépasser un temps limite (64 heures pour la Réunion), précise Stéphane Schweig. On part avec un minimum de matériel, de l’eau, des barres vitaminées et des fruits secs, une couverture de survie, des chaussettes, un vêtement pour la pluie, un pour la nuit, une lampe frontale, parfois des bâtons rétractables. Il y a du ravitaillement sur le parcours. À la Réunion, j’ai bu 20 litres d’eau, 3 ou 4 litres de boissons sucrées, en évacuant tout en sueur. Ce sont des courses extrêmes. Au départ, on court avec son corps, ensuite il n’y a plus que le cerveau qui commande, le corps est fracassé, les jambes massacrées par les descentes. On passe par tous les stades, l’euphorie, la souffrance, les pleurs, l’envie d’abandon, et même l’hallucination. »
Des paysages magnifiques.
Pour ce pharmacien de 41 ans, le trail nature « n’est pas une course contre les autres, mais contre soi-même. Dans le trail, on vit avec les autres, on n’est pas à 5 minutes, on attend l’autre. À la Réunion, j’ai vécu 48 heures avec un autre homme que j’avais rattrapé, on a discuté jour et nuit. Si je suis allé au bout, c’est grâce à lui, grâce aussi à un "serre-file" qui m’a dit de ne pas abandonner, que je le regretterais toujours ».
Dans les décors grandioses de l’île volcanique, Stéphane Schweig n’a pas oublié d’en avoir « plein la tronche de ces paysages magnifiques », et même de les photographier. Il a aussi analysé, en bon professionnel, ses réactions, comme sa souffrance, ou l’action de l’endorphine que secrète le corps après un certain temps d’effort, « créant une sensation de bien-être ». Mais cette hormone a une durée de vie très courte dans l’organisme. Il se souvient aussi des dessins sur les rochers du cirque de Mafate que lui montraient ses hallucinations dues à la privation de sommeil. « On est fatigué et excité. »
Stéphane Schweig se souvient avoir pleuré à l’arrivée, « le corps meurtri », mais « tellement plus fort dans [sa] tête. Ce sport me donne confiance en moi ».
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Stéphane Schweig : « le trail me donne confiance en moi ».
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