DE SIEM REAP, ville d’allure encore coloniale, dont le nom signifie « Siam écrasé », en l’honneur d’une bataille victorieuse des Khmers contre l’envahisseur venu du royaume du Siam (l’actuelle Thaïlande), on peut apercevoir au loin les lueurs des « Nuits d’Angkor », spectacle sons et lumières qui fait briller de mille feux l’immense cité de pierre et ses temples perdus dans la jungle.
Flamboyant et barbare, ce spectacle illustre à la fois la magnificence et la toute-puissance de l’ancien royaume khmer. Angkor Vat, littéralement « la ville monastère », est le chef-d’œuvre de Suryavarman II, roi du XIIe siècle, souvent comparé à notre roi Soleil, qui se rendit maître incontesté de toute l’Indochine méridionale, marquant son époque du génie khmer.
Inscrit tardivement au patrimoine de l’humanité, le site d’Angkor compte près d’un millier de temples répartis sur quelque 300 km2. Saccagés et pillés durant des années, un certain nombre de ces chefs-d’œuvre ont été restaurés, comme Angkor Thom, la « grande capitale », encadrée de cinq portes monumentales précédées de chaussées de pierres massives.
Au Bayon, on affronte le regard des monumentaux visages de pierre aux sourires figés qui avaient tant impressionné Pierre Loti il y a plus d’un siècle, alors que le temple était encore noyé de cascades végétales.
À Ta Phrom, la nature a forgé un art du fantastique végétal en mélangeant ses excès à l’œuvre des hommes : les racines des fromagers font éclater les pierres, balafrent et rongent la statuaire monumentale.
Pur joyau ciselé dans le grès rose, Bantay Srei, perdu à 25 km de Siem Reap, a gardé le souvenir d’André Malraux, venu hanter les lieux pendant l’hiver 1923. Ébloui par la beauté des mille génies et danseuses qui rivalisaient de séduction aux frontons des tympans, le futur ministre de la Culture découpa à la scie, sans scrupule excessif, sept petites sculptures des murs du temple.
Le site est associé à une merveille de la nature : le lac et le fleuve Tonlé Sap. Étroitement lié au rayonnement d’Angkor, le grand lac représente, dit-on, l’océan cosmique de la mythologie hindoue.
Tout en douceur et sérénité.
Au pied du Mont Phousi, la « montagne merveilleuse », étonnant pain de sucre version laotienne, couronné d’un sanctuaire, s’étale Luang Prabang, gros bourg assoupi comme posé sur un doigt de terre au confluent du Mékong et de la rivière Nam Khane.
Dans les parfums enivrant des frangipaniers, Luang Prabang étale ses beaux restes coloniaux, ses monastères et ses temples. Il faut la découvrir à l’aube ou au crépuscule, lorsque les théories de moines à robe safran la sillonnent, répondant au son mat des cloches de bois qui marquent les appels à la prière. On se laisse enivrer par l’étrange alchimie de ce haut lieu du bouddhisme avec ses innombrables pagodes et sanctuaires. Par le Vat Xieng Thong, « monastère de la ville du flamboyant », la plus ancienne de la ville (milieu du XVIe), avec sa terrasse d’où l’on peut contempler en contrebas le fleuve. L’intérieur abrite un superbe bouddha couché à la subtile élégance. Le Vat Sène, aux tuiles rouges et jaunes, le Vat Visoun, le Vat Aham, le Vat May…, chaque temple, par son atmosphère, sa décoration, ou son architecture, invite l’âme la plus racornie à la méditation.
Mélange d’architecture franco-lao, l’ancien palais royal rappelle le temps du Protectorat francais. Jadis, dans l’ancien royaume de Luang Prabang, plusieurs rois se partageaient le pouvoir. Lorsque, en 1887, le vice-consul réussit à convaincre les autorités du Laos, occupé par les Siamois et ravagé par les pirates pavillons noirs, des bienfaits du protectorat, la République française, soucieuse du protocole, imposa un souverain unique en la personne du roi Luang. Depuis, les rois sont passés à la trappe avec l’arrivée au pouvoir en 1975 du Pathet Lao communiste imposé par le « grand frère » vietnamien. Outre les collections d’objets précieux ayant appartenu à la famille royale et les multiples statuettes découvertes dans les temples perdus dans la forêt, on peut y contempler le fameux Phra Bang, ou bouddha d’or fin, auquel la ville doit son nom.
Depuis le classement de Luang Prabang au Patrimoine de l’UNESCO, en 1995, de nombreux temples, des palais de bois, les vieilles demeures coloniales et les maisons traditionnelles ont été restaurées. Seul bémol, dans la rue principale les restaurants, les bars et les boutiques pour étrangers poussent comme champignons, envahis par les bobos du monde entier.
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