L’AUTRE SOIR, j’ai renoué avec un rituel que j’avais abandonné depuis quelques années déjà, la soirée de formation pour équipe officinale. Le principe du rituel, c’est la répétition d’actions qui sont stéréotypées et qui sont chargées de significations. Il n’y a rien de spontané, tout est réglé à l’avance. Donc, et même après un temps d’absence qui s’était prolongé, j’ai tout retrouvé dans le même état. À quelques détails près.
Oui, ça se passait dans un hôtel près de l’aéroport, un établissement dans lequel on peut facilement organiser des séminaires, des conventions, dans des salles plutôt anonymes (même si elles ont des noms comme Salon Cézanne ou Galerie Osaka) qui offrent une connexion Internet, un écran, un paper board… Oui, quand je suis arrivée, une dizaine de minutes après l’heure du début de la formation (j’ai fait de mon mieux, j’avais une autre réunion juste avant), tout le monde était encore regroupé dans le hall moquetté, qui debout, qui dans les grands fauteuils en cuir, en train de bavarder à plein volume. Et il a fallu encore attendre un petit quart d’heure.
Non, je ne connaissais personne, à part quelques intervenants qui étaient engagés dans des conversations certainement très intéressantes. Je me suis donc insérée discrètement dans un espace qui me paraissait accueillant pour quelqu’un n’ayant personne avec qui discuter. Et là, non, en regardant autour de moi, je n’arrivais pas à faire la part des choses. Qui était titulaire ? Qui était adjoint ? Qui était préparateur ? Le jeune homme dynamique, en jean et avec une écharpe autour du cou ? La femme d’un certain âge, en jean et aux cheveux rougeoyants ? La jeune fille aux lunettes à montures noires, en jean et blouson de cuir ?
Oui, quand on a voulu s’asseoir, il y avait un tas de trucs installés sur chaque chaise. Dépliants, échantillons, récapitulatif, stylo, petit bloc-notes. C’était toute une affaire pour arriver à tout attraper et s’asseoir dignement en posant son sac par terre, en mettant son manteau quelque part et en plaçant le matériel pédagogique sur ses genoux, sans rien faire tomber. Et oui, pendant les exposés, les échantillons et le petit livret ont glissé au sol au moins deux fois, en ce qui me concerne.
Oui, les deux présentations se sont déroulées comme on pouvait l’imaginer, quarante ou quarante-cinq minutes chacune, avec mise en avant des qualités révolutionnaires ou exceptionnelles des produits, rapide démonstration du matériel que l’on a fait circuler, plutôt longue explication sur le prix d’achat et le taux de remise, et applaudissements à la fin. Oui, on pouvait poser des questions et discuter ensuite avec les intervenants pour des éclaircissements supplémentaires.
Oui, il y avait un buffet, plein de choses délicates et si petites qu’on avait du mal à les attraper. Et il fallait pourtant en attraper beaucoup parce que, mine de rien, on n’avait pas encore mangé et il commençait à se faire tard. Oui, en dégustant des microcanapés tomate séchée jambon de pays, quelques personnes charitables se sont approchées de moi et j’ai pu prendre la température de leur quotidien en les interrogeant. Celles-ci étaient plongées dans une routine un peu déprimante, mais celle-là, avec son nouveau titulaire, vivait des changements stimulants.
Oui, le champagne était délicieux. Et non, je n’avais encore jamais mangé de mini-verrine de rillettes avec une framboise audacieusement posée dessus…
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