LES ENQUÊTES d’opinion sont la meilleure et la pire des choses. Elles ont exagéré l’absentéisme, beaucoup moins élevé qu’ils ne l’ont prévu. Elles ont laissé croire à Jean-Luc Mélenchon qu’il serait le « troisième homme », quand ce fut Marine Le Pen. Elles ont même un peu surestimé le score de François Bayrou. Mais elles ont prévu avec précision, le nom des deux finalistes, l’ordre d’arrivée et l’écart qui les séparerait. Contrairement à 2007, il n’y aura pas cette année de main tendue à un autre parti, de roucoulades au bas du balcon, de projets éphémères d’alliances logiques ou contre nature. Les deux candidats en lice s’adressent directement à la totalité des citoyens qui n’ont pas voté pour eux. M. Hollande peut bien dénoncer la danse du ventre de M. Sarkozy devant les électeurs du Front national, il n’a pas voulu se les aliéner et leur a dit avec instance combien il les comprenait.
Politique du pire.
La cause principale du manque de dynamisme de la campagne du président sortant, c’était l’antisarkozysme avant le premier tour, c’est encore l’antisarkozysme avant le second. Mardi, « le Figaro » s’inquiétait de la « politique du pire », toujours possible, que risquent d’adopter les partisans du Front national s’ils décident de refuser leurs voix à M. Sarkozy, assurant ainsi la victoire de M. Hollande. Ce serait un vote dénaturé du point de vue de la logique mais pas quand on forme son choix à partir de ses émotions. Ce grand rendez-vous électoral de 2012 correspond à la cristallisation de toutes les crises, celle de l’Europe, celle de l’euro, celle de la dette, celle des peuples européens « indignés » par le chômage et la précarité, sur lesquels les mesures adoptées par les gouvernements n’ont aucun effet. À l’incertitude électorale en France, à l’inquiétude nourrie par la perspective d’un gouvernement socialiste qui refuserait de mettre en place d’indispensables mesures d’économies, s’ajoutent les difficultés de l’Italie et de l’Espagne et, maintenant, la crise politique hollandaise provoquée par le refus de l’extrême droite d’approuver une programme d’austérité.
Génie de la gestion, le président du Conseil italien, Mario Monti, estime que la rigueur, qui est son fort, doit être accompagnée par la mise en œuvre d’une stimulation de la croissance. Alors que l’Union est chamboulée par une crise sans précédent, l’apathie de la Commission européenne, l’attentisme (naturel) de l’Allemagne, la dichotomie idéologique de la France alourdissent le climat. On n’empêchera pas les Français de rejeter avec force la « punition » à laquelle songent leurs gouvernants actuels et qu’ils jugent affreusement injuste, sans prendre la mesure exacte des dangers qui pèsent sur notre société, notre mode de vie, nos filets sociaux. On ne les empêchera pas de voir un espoir dans une alternance prévue par les institutions et qu’ils ont déjà expérimentée. On ne les empêchera pas de croire à une autre méthode. Certes, il est plus facile d’accepter une réduction des prestations sociales ou une hausse des impôts quand on peut y faire face avec ses économies. Et c’est pourquoi François Hollande, une fois passées les promesses excessives et dangereuses de Jean-Luc Mélenchon, apparaît comme celui qui offre au plus grand nombre une alternative aux dures techniques de redressement économique et financier.
Si l’antisarkozysme, phénomène forcément passager, explique en partie la marche, apparemment inéluctable, de M. Hollande vers la victoire, il n’est pas la seule cause du recul de la droite classique. Le mal français s’est transformé en mal européen. Les rendez-vous électoraux sont aussi ceux des choix historiques que la France doit faire dès cette année. Le gouvernement de François Fillon a mis en place une politique de réduction de la dépense publique, de hausse des impôts et de soutien à la croissance qui, sans être très sexy, correspond à un dosage destiné à arracher le pays aux excès de l’endettement sans tuer l’activité. Cette politique avait besoin de temps pour réussir. Elle arrive sans doute trop tard.
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