« DEPUIS 2006, nous constatons les effets des ruptures de stocks, confie Jean-Marc Gagnaire, président de l’Ordre régional d’Auvergne, mais ce qui nous préoccupe actuellement c’est l’augmentation du phénomène et son amplitude. Tout type de produit est concerné, avec une croissance exponentielle qui perdure, et devient de plus en plus problématique. Pour ma part, j’ai observé ce matin même (3 septembre) ma livraison grossiste et je suis actuellement à 29 % de manquants, ce qui est énorme. Établi dans un bourg rural du Puy de Dôme, je dois me situer dans la moyenne locale, mais je sais que certains confrères, notamment en secteurs de montagne en Haute-Loire ou dans le Cantal, sont encore moins bien servis. Nous arrivons à des niveaux jamais atteints à ce jour. »
Le responsable ordinal brosse un état des lieux pessimiste sur le sujet, dont il attribue le développement à plusieurs raisons : concentration excessive dans l’industrie pharmaceutique, fusions-acquisitions des laboratoires producteurs, donc diminution du nombre de ces derniers, hausse de la demande, insuffisance en qualité comme en quantité des matières premières.
Jusqu’à trois mois de blocage.
Conséquences évidentes de cette disproportion entre production et consommation, des pathologies non traitées dans l’immédiat (Jean-Marc Gagnaire affirme que, dans certains bourgs de campagne, des malades patientent parfois durant des semaines pour être servis) et un dérèglement général de la chaîne de soins. Les syndicats et le Conseil de l’Ordre se préoccupent depuis des mois de cette situation, et ont à maintes reprises alerté les pouvoirs publics, études complètes à l’appui. Un décret devrait sous peu permettre une régularisation des approvisionnements, tandis que des solutions provisoires sont appliquées.
« Afin de privilégier la santé de nos patients, et d’éviter des ruptures dramatiques, nous mettons en place, avec l’accord des praticiens, des alternatives thérapeutiques en proposant des médicaments de remplacement. Sur certaines molécules, nous constatons jusqu’à trois mois de blocage, et il faut bien y pallier, mais ce n’est pas la panacée absolue : en effet, les traitements alternatifs eux-mêmes sont touchés par un processus identique, et risquent donc, génériques compris, de connaître également un manque. La situation s’aggrave. »
Dans cette histoire de serpent se mordant la queue, les officines auvergnates ne peuvent que patienter dans l’espoir de jours meilleurs. Elles connaissent également d’autres soucis, alliés à la désertification médicale, à un maillage fragilisé des médecins comme des pharmaciens, au vieillissement et au dépeuplement des villages en altitude, et aux contraintes réglementaires. « Insistons bien sur le fait que l’Ordre National travaille avec acharnement sur cette question préoccupante, ajoute Jean-Marc Gagnaire. Une prise de conscience générale de toutes les sections et des réflexions communes ont été menées, comme celle sur la mise en place d’une législation possible sur ces ruptures, législation qui n’existe pas pour l’instant. On peut aussi réfléchir à une meilleure gestion des stocks, à une création de réserves lorsque des pénuries apparaissent, à une régulation des exportations. C’est un ensemble de causes que nous analysons afin de trouver des solutions, mais ces dernières ne pourront se concrétiser que par une action des pouvoirs publics. On attend donc un décret rapide dans ce sens, car, soulignons-le, il y a urgence. En Auvergne comme ailleurs. »
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