PERSONNE ne s’y attendait, et surtout pas Marc, qui pensait fêter ses 25 ans de mariage avec Émilie avec un dîner aux chandelles. Or, en ôtant « la feuille de papier journal qui protégeait le Pommard qui devait accompagner l’épaule d’agneau qui cuisait au four depuis 26 minutes », Émilie a lu une annonce signée de Dario, lui demandant de le rejoindre en Italie. Elle a éteint le four et elle est partie.
Il faut bien un début à une histoire. Celui imaginé par Véronique Olmi pour « le Premier amour » (1) est peu vraisemblable mais il a le mérite de nous mettre aussitôt sur la voie. Sur la route, plus précisément, puisque le roman est un récit de voyage où les paysages – même s’ils n’avoisinent qu’une autoroute – et les personnages rencontrés – même s’ils sont tous plus ou moins paumés – ravivent les émotions et les souvenirs d’Émilie. La ménagère de 50 ans et mère de 3 filles oscille entre les rappels de son quotidien et l’émoi amoureux de ses 16 printemps. À l’arrivée évidemment, rien ne se déroulera comme imaginé.
Véronique Olmi, qui est l’auteur d’une quinzaine de romans et pièces de théâtre (de « Bord de mer » à « la Promenade des Russes »), offre, dans ce récit d’une femme mûre qui quitte tout pour retrouver son premier amour, une belle réflexion sur le temps qui passe.
Un train d’enfer.
Avec « les Poissons ne connaissent pas l’adultère » (2), nous poursuivons le voyage... en train. Le roman de Carl Aderhold – spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle et directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines – se déroule dans le corail Paris-Toulouse en 6 heures 6.
Là encore les prémisses du récit sont abruptes : c’est après avoir reçu, de la part de ses copines et pour fêter ses 40 ans, une séance de relooking, que Valérie décide de tout plaquer. Maintenant blonde et vêtue d’une seyante robe rouge, la femme mariée, mère et simple caissière qui habite dans un pavillon de banlieue, est devenue Julia (comme Julia Roberts), une femme au corps désirable, prête à retrouver l’insouciance de ses vingt ans.
Chaque gare qui la rapproche du Midi est comme une étape vers la liberté. Il faut dire que ses compagnons de voyage sont à l’unisson, qui, bien qu’ayant chacun une raison de voyager, n’en finissent pas de s’interroger sur ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Il en résulte une sorte de voyage initiatique collectif et fantaisiste où les faux-semblants tombent au fil des kilomètres.
La conjugaison des temps.
Il s’appelle Mytho – évident, lorsque le roman s’intitule « 1000 Mensonges » (3) – et il est le seul héros masculin de cet ensemble à tout laisser, à fuir une femme, une maison et une vie. On le découvre dans le deuxième livre de Boris Bergmann, qui avait publié en 2007, « Viens là que je te tue ma belle ». On en avait beaucoup parlé en raison de la jeunesse de son auteur, qui n’avait alors que 15 ans. Aujourd’hui, à l’aube de ses 18 ans et alors qu’il prépare son bac, Boris Bergmann a tourné la page et remplacé les expériences d’un adolescent en crise par les doutes d’un adulte.
Mytho, donc, ne supporte plus le sale secret qui pèse sur sa conscience. Il veut repartir de zéro mais, dans le train qui le mène à LadylongSolo, la capitale de ceux qui cherchent une seconde chance, il n’arrête pas de mentir à tous ceux qu’il croise. Il s’invente différents passés, teste sur ses victimes l’impact de ses fables et se pique de perfectionner son art de la tromperie. Tout va se compliquer quand il rencontrera Sophie : doit-il avouer la vérité, revenir à la réalité ou élaborer un ultime mensonge, celui qui enterrera définitivement sa vérité ?
Boris Bergmann – qui prévoit de privilégier désormais ses études à l’écriture – estime qu’il donne avec ce court roman où le héros va jusqu’à tromper l’amour, « une tragédie grecque en quelque sorte, celle d’un beau parleur ».
Une journée pour soi.
« Les Âmes sœurs » (4) est aussi le deuxième roman, de Valérie Zenatti, qui s’est distinguée avec « En retard pour la guerre », adapté au cinéma sous le titre « Ultimatum ». Elle est par ailleurs auteur de livres pour la jeunesse. L’héroïne du livre est encore une fois une femme mariée, mère de 3 enfants, employée chez « Adenxia, études et management », une femme débordée qui s’offre en douce une journée... pour poursuivre la lecture d’un roman – l’histoire d’une jeune reporter photographe meurtrie par la mort d’un homme qu’elle a aimé furtivement mais passionnément. Le bouquin à la main, elle parcourt les rues de Paris et retrouve dans le récit de cette héroïne de papier des échos de peines passées et d’amours non vécues, enfouies au fond d’elle-même. Son errance se double d’un voyage intérieur qui, s’il ravive des douleurs oubliées, lui permet de se redécouvrir et, peut-être demain, de s’épanouir.
Au bord de la Mer du Nord.
C’est en effet sur une plage de la Mer du Nord que Johanna trouve refuge. Mais le titre du premier roman de Denis Arché, « Dans la fuite incessante » (5), laisse entendre que la situation est aussi houleuse que les éléments un jour de tempête. La jeune femme a abandonné son travail et son mari parce que celui-ci ne satisfait pas son désir d’enfant. Dans son exil volontaire, elle rencontre un homme, Erik, qui peut-être, lui fera l’enfant tant désiré, et se lie avec la serveuse d’un bar. Or celle-ci sera assassinée, tandis qu’Erik disparaît. S’agit-il d’un rêve, d’un fantasme ou de la réalité ?
(2) J.-C. Lattès, 320 p., 18 euros.
(3) Denoël, 117 p., 13 euros.
(4) Éditions de l’Olivier, 172 p., 16,50 euros.
(5) Seuil, 188 p., 16 euros.
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