SUR LE LITTORAL, la route serpente en lacets au-dessus du bleu de l’océan et des nuances émeraude du lagon. Malgré sa petite taille, Rodrigues possède de grandes variétés de paysages. Étendues d’herbes rases où s’éparpillent roches noires et grises au sud, littoral découpé en dentelles, ponctué de plages et de criques de sable fin à l’est, plaines désertes et âpres évoquant un peu le Connemara irlandais à l’ouest et, au cœur de l’île, paysages vallonnés à la végétation luxuriante, forêts de manguiers et cultures en terrasses. Un peu partout pullulent les étranges vacoas (pandanusutilis), rescapés des forêts originelles, avec leurs curieuses racines plantées droit dans le sol. La seule montagne d’importance, le mont Limon, culmine modestement à 398 m, mais offre une vue imprenable sur l’ensemble de l’île.
Baptisée du nom de son découvreur officiel, le Portugais don Diego Rodriguez, l’île fut occupée de 1601 à 1611 par les Hollandais. Pas plus qu’à Maurice, ceux-ci ne s’attardèrent à Rodrigues, qu’ils considéraient comme une simple escale, et surtout comme un garde-manger, en raison de l’impressionnante quantité de tortues géantes qui pullulaient dans le lagon. L’appétit vorace des marins eut raison des malheureuses tortues rodriguaises, qui furent totalement exterminées, tout comme le solitaire, cousin de l’infortuné dodo mauricien, sorte de gros dindon pataud qui mijota dans les marmites bataves avant de disparaître totalement de la surface de l’île.
Ce n’est qu’en 1691 que la colonisation de Rodrigues, jusque-là vierge de tout humain, débuta, avec l’arrivée du Français François Leguat et de ses compagnons protestants, chassés par la révocation de l’édit de Nantes. Cyclones et solitude eurent cependant vite raison de la petite colonie. Deux ans plus tard, Leguat et ses hommes rejoignaient Maurice.
Contrairement à l’île Maurice, où la culture de la canne à sucre dominait l’économie, la petite Rodrigues se concentra sur l’agriculture et l’élevage. Travailleurs libres, noirs descendants d’esclaves africains et malgaches et descendants de marins bretons installés au tout début de la colonisation se transformèrent en fermiers, couvrant l’île de champs cultivés et d’animaux domestiques (bœuf, mouton, chèvres et volaille), au point que, jusqu’aux années 1930, Rodrigues fut le grenier de sa grande sœur Maurice.
Philosophie créole.
Aujourd’hui partie intégrante de Maurice, Rodrigues bénéficie depuis 2002 d’un statut d’autonomie bien réel, gardant ainsi en grande partie intacts son authenticité et son charme rustique d’Arcadie tropicale face au modernisme « indien » de sa grande sœur. Étrangère à l’agitation du monde, sa population – environ 37 000 habitants, en grande majorité noirs?– cultive sa différence et une charmante philosophie créole, faite de douceur de vivre, où l’indolence n’est pas absente.
Au nord de l’île, Port-Mathurin, la capitale, seul port de Rodrigues, dégage un charme suranné , avec ses vieilles échoppes de bois, ses kiosques et ses maisons coloniales décrépites. L’une d’elles, La Résidence, ancienne demeure des gouverneurs britanniques, a encore de beaux restes. Bien entretenue, elle abrite le siège du conseil exécutif de l’assemblée régionale rodriguaise.
Dans la bourgade assoupie d’une dizaine de rues à peine, seul le grand marché du samedi matin apporte un peu d’animation avec l’arrivée des paysans venus des quatre coins de l’île pour vendre les savoureux produits de cette terre de cocagne.
Outre les plaisirs gastronomiques de la délicieuse et unique cuisine rodriguaise (pour une poignée de roupies, on se régale dans de nombreux petits restaurants et tables d’hôtes), on découvrira les nombreux trésors de l’île en parcourant les sentiers, les forêts et les plages, qui offrent des spectacles uniques. En mer, des fonds sous-marins mirifiques regorgeant de poissons exotiques, en robinsonant sur l’île Coco, ou sur terre, dans les ravines et les grottes, dont la plus célèbre, la caverne Patate, longue de presque 800 m, est située à presque 18 m au dessous du niveau de la mer. Près de ce lieu est installée la Giant Tortoise and Cave Reserve, où sont élevées des tortues de toutes tailles destinées à remplacer les milliers de leurs congénères disparues jadis dans les estomacs hollandais.
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