C'est Jean-Paul Delevoye, ancien président du conseil économique, environnemental et social, et l'un des premiers à rejoindre En Marche !, qui sera chargé de proposer une refonte complète des 36 régimes existants. Leur diversité et leur complexité sont des facteurs d'inégalités et expliquent leurs lourds déficits. Pour au moins une raison : beaucoup d'avantages consentis aux retraités ne sont pas financés et finissent par être payés soit par de la dette, soit par les recettes fiscales. Quand le nombre d'actifs représentait trois ou quatre fois celui des retraités, il était logique de donner des coups de pouce à certains professions, par exemple les plus pénibles, car les régimes étaient excédentaires. Aujourd'hui le nombre des actifs (quelque 25 millions de cotisants) n'est plus suffisant pour payer quinze millions de retraités, en dépit des diverses réformes déjà réalisées.
Parmi tous ces régimes, celui de la SNCF (150 000 actifs pour 300 000 retraités), d'EDF et de la RATP sont qualifiés de « spéciaux » parce qu'ils accordent à leurs salariés des avantages, notamment un départ prématuré à la retraite, qui se traduit par leur insolvabilité. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a fait remarquer que les cheminots paient des cotisations plus élevées que celles du régime général pour avoir le privilège de prendre leur retraite à 52 ou 57 ans. C'est vrai, mais incomplet : il manque trois milliards par an pour boucler le budget des pensions de la SNCF et c'est l'Etat, donc les contribuables, qui paie cette somme.
Pour les bénéficiaires des régimes spéciaux, la réforme souhaitée par le gouvernement apparaît comme une déclaration de guerre. En effet, Emmanuel Macron a annoncé que chaque euro versé donnerait les mêmes droits pour tous les cotisants, quelle que soit leur profession. Si on tend à l'équilibre du budget des retraites, il est clair qu'il faut soit augmenter les cotisations des actifs, soit prolonger les carrières, soit baisser d'un certain pourcentage les pensions, y compris celles que versent les caisses complémentaires, pour les employés et pour les cadres par exemple. Cela fait des années que l'on a pris des dispositions dans un sens qui ne convient ni aux salariés, dont on n'a cessé d'augmenter les cotisations, ni aux retraités, dont les pensions sont gelées depuis quatre ans et qui vont être amputées d'1,7 % à compter du 1er janvier de l'année prochaine au titre de l'augmentation de la CSG.
L'alerte du COR
Mais jusqu'à présent, on n'a fait que du rapiéçage. Un récent rapport du Comité d'orientation des retraites (COR), montre que, à terme, la situation actuelle va devenir insoutenable, bien que le changement de l'âge de départ à la retraite soit passé, sous Nicolas Sarkozy, de 60 à 62 ans. Le gouvernement n'a pas laissé entendre qu'il contraindrait les salariés à prolonger d'un ou deux ans leur vie active. C'est pourtant ce qu'ont fait plusieurs pays européens qui ont tenu compte des réalités démographiques et de la qualité de vie dont bénéficient aujourd'hui les plus 60 ans. M. Macron vise sans doute à dépasser la question de l'âge obligatoire de la retraite en créant un système à points, considéré comme le plus sûr sur le plan financier. Le salarié accumule des points chaque année et il est informé des droits conférés par ce cumul. Il peut choisir une date de départ précoce et obtenir une pension d'un montant moins élevé ou partir plus tard et avoir une pension plus élevée.
Cependant, le basculement du système actuel par répartition prendra des années et même des décennies. Les retraités actuels reçoivent une pension payée par les actifs, de même qu'ils cotisaient non pour eux-mêmes quand ils étaient actifs, mais pour les retraités. Dans la retraite par points, ils cotisent pour eux-mêmes. On devine qu'un changement de système prendra beaucoup de temps et que, pour les années qui viennent, le gel actuel des pensions sera prolongé.
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