On s'attendait d'autant plus à une réforme rapide que les débats et concertations n'ont pas manqué depuis plus d'un an. On s'aperçoit que le gouvernement prendra tout son temps. Emmanuel Macron a sifflé la fin de la première manche quand il a déclaré, il y a quelques jours, qu'il était plus séduit par la durée des cotisations que par la prolongation des carrières. Aussitôt, les Français ont compris que la réforme des retraites ne serait pas adoptée dès cette année. Ce que, dans son discours de jeudi dernier, Édouard Philippe a confirmé : il entend non seulement engager une concertation longue avec les syndicats mais ouvrir un débat national avec les citoyens qui ressemblera beaucoup à celui qui a suivi la crise des gilets jaunes et qui, effectivement, a ramené dans le giron de la concertation pas mal d'élus et d'opposants.
Il y a deux points essentiels sur lesquels le chef du gouvernement ne reviendra pas : les 42 régimes existants seront remplacés par un système unique et, à la répartition succèdera un système par points, celui-là même qui existe déjà pour les pensions des cadres. D'un côté, le gouvernement espère calmer le jeu, amener peu à peu ses concitoyens à résipiscence ; de l'autre, les deux dossiers, gilets jaunes et retraites n'ont aucun point commun. Ce n'est pas sur les contours de la réforme que ses opposants contre-attaquent, mais bel et bien sur l'unification des régimes et sur les points.
C'est pourquoi il est peu vraisemblable que le gouvernement finisse par amadouer les syndicats qui ont déjà commencé à riposter par une grève très suivie vendredi dernier à la RATP. Le temps où le bulldozer de la macronie pouvait passer en force, laminer le terrain, aplatir toute opposition pour imposer le code du travail ou la réforme de l'éducation est bel et bien terminé. Le président de la République sait que cette ultime réforme qui, à sa manière, représente une révolution, ne passera pas aisément, même si sa majorité l'adopte. D'abord parce que le mythe des avantages acquis reste bien vivant dans l'esprit des camarades syndiqués et ensuite parce que M. Macron a réussi, jusqu'à présent, à faire avaler aux syndicats assez de couleuvres pour que cette fois, ils résistent.
Comment éviter une crise sociale
En se rapprochant de la CFDT, notamment à propos de la durée des cotisations, en reconnaissant qu'il est impératif de donner un statut particulier à ceux qui ont commencé à travailler tôt (ce qui nous ramène d'ailleurs à la durée des cotisations) et en proposant d'examiner minutieusement le cas de divers goupes de professionnels défavorisés (comme les handicapés), le gouvernement a donné quelques gages. En réalité, il reconnaît dans son for intérieur qu'il n'a aucune chance de faire adopter immédiatement la réforme sans provoquer une crise sociale d'une ampleur supérieure à celle des gilets jaunes. Voilà pourquoi il tente de gagner du temps.
La vérité est qu'il en a perdu. Certes, il ne pouvait pas lancer toutes les réformes à la fois et il a d'abord pris la température de l'eau avant de plonger dans un dossier, celui des retraites, qui est le plus brûlant des thèmes susceptibles de déclencher des guerres civiles. Mais il existe suffisamment d'incohérences et de flagrantes injustices dans les niveaux de pension actuels qu'il aurait été logique de commencer par ce dossier. Bref, on peut toujours rêver. Il est évident que M. Macron, aujourd'hui, est mû par l'arrivée des échéances électorales. La réforme des retraites suivra les élections municipales au lieu de les précéder. Depuis le mois d'août, rien n'est vraiment logique, tout est politique. La République en marche a assez d'ennemis intérieurs pour prendre des mesures de prudence : si la réforme des retraites est un jour adoptée, ce sera, quoi qu'il en soit, la dernière réforme du quinquennat.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion