QUAND ma préparatrice du matin prend des congés, que ce soit pendant trois semaines pour profiter au maximum des quelques criques peu fréquentées que l’on peut encore dénicher par ici, ou pour une journée pour aller au marché de Vintimille acheter un faux sac Gucci ou un faux tee-shirt Calvin Klein, elle est aussitôt remplacée par une autre préparatrice, tonitruante, pleine de bagout, dont le téléphone portable sonne sans arrêt, et qui arrive avec tout un stock de bâtonnets de surimi parce que, dans le régime Dukan, il parait que c’est autorisé comme en-cas (personnellement, à dix heures du matin, ça me coupe l’appétit rien qu’à l’odeur…).
Bien entendu, il faut que ça tombe pendant les vacances scolaires, parce que notre dukanette a laissé tomber la pharmacie il y a quelques années, et elle se consacre à présent à une tout autre activité, la garde d’enfants à domicile. C’est tout aussi rentable, et les petits bouts seraient beaucoup moins pénibles que certains clients ou que certains pharmaciens ; enfin ça, c’est elle qui le dit. Je ne sais pas comment elle se débrouille mais, apparemment, elle ne garde que les rejetons dont les parents peuvent s’occuper eux-mêmes pendant les périodes de relâche des instituteurs. Du coup, elle est disponible dans ces moments-là, et même plus, arrivant parfois à dépanner deux, voire trois préparateurs, qui lui en sont reconnaissants pour l’éternité, forcément.
Quand ma préparatrice de l’après-midi prend des congés, que ce soit pendant trois semaines et demie pour partir à la montagne avec sa petite famille, ou pour une journée afin d’être auprès de son aîné qui se fait arracher des dents dites de sagesse, la situation est tout à fait différente. Jusqu’à récemment, elle n’avait jamais été remplacée, point barre. La pharmacienne en poste pendant des années était du genre personne-ne-m’attend-chez-moi-je-ne-suis-pas-pressée-de-rentrer. Elle restait aussi longtemps qu’il le fallait pour terminer un travail qui était habituellement réalisé à deux, et elle restait même encore un peu après, pour papoter avec la réceptionniste ou la cadre de santé.
Sa remplaçante, ayant rapidement mis un bébé en route, n’a pas eu à s’inquiéter des absences de la préparatrice, le problème n’ayant même pas eu le temps de se poser. Sur ce, je suis arrivée et, un mois plus tard, les valises de Babette étaient prêtes pour ce long séjour familial en altitude. Parler de panique serait exagéré, mais je n’étais pas prête du tout, moi, à rester seule si vite et si longtemps. À l’arrache, Babette a trouvé une copine disponible et la direction a dit OK. J’étais sauvée. Mais… c’est qu’on ne remplace pas une Babette comme ça… et j’ai dû retourner à la clinique systématiquement tous les week-ends, pour réparer les petits oublis de la préparatrice intérimaire, ce qui n’a pas du tout été apprécié par la direction.
Résultat, Babette va bientôt s’absenter deux semaines, pendant lesquelles elle ne sera pas remplacée. Oui, vous pouvez avoir une pensée pour moi. Et non, ne comptez pas sur moi pour rester après le boulot, à écouter les potins de couloir !
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion