L’actualité « Stefan Zweig » est double. Elle concerne les rééditions de la biographie signée par Dominique Bona en 1996 et de l’unique roman de cet écrivain. De la bourgeoisie juive de la Vienne « fin de siècle », où Stephan Zweig est né en 1881, à son exil, après l’accession au pouvoir d’Hitler, en Angleterre puis aux États-Unis, avant le Brésil, et jusqu’à son suicide avec sa femme en 1942, Dominique Bona refait le parcours de cet homme de passion, décrypte ses amours et ses amitiés, déchiffre ses œuvres, dont ses nouvelles – « Amok », « Vingt-quatre Heures de la vie d’une femme », « le Joueur d’échecs » – et le seul roman qu’il a écrit.
Ce roman, « la Pitié dangereuse » (2), qui date de 1939, est réédité avec une nouvelle traduction et, entre parenthèses, la traduction du titre original, « l’Impatience du cœur ». On sait toute l’émotion de ce récit qui se déroule en 1913, dans une petite ville de garnison autrichienne, lorsqu’un jeune officier invite la fille de son hôte à danser, ignorant qu’elle est paralysée, puis accumule les faux pas pour réparer sa maladresse. En arrière-plan, les spectateurs de cette tragédie sont les symboles d’une civilisation décadente, mais incapable de résister à l’ivresse d’une dernière valse.
Les confidences d’un médecin chinois.
Pierre Boulle (1912-1994) est évidemment l’auteur du « Pont de la rivière Kwaï », en 1952, et de «?la Planète des singes », en 1963, mais aussi d’une trentaine d’autres romans. Introuvable depuis des décennies, « le Bourreau » (3) date de 1954.
L’histoire nous ramène dans les années 1920, dans la province chinoise de Li-Kang. Le narrateur, un « conteur professionnel » occidental, écoute le récit d’un vieux médecin chinois qui, chargé du contrôle médical des exécutions capitales, avait été compromis dans une étrange affaire. Il était apparu en effet que Chong, bourreau de père en fils, avait empoisonné un condamné à mort un quart d’heure avant l’acte de décapitation ; pris sur le fait à la suite d’une dénonciation, l’enquête montra qu’il avait ainsi tué sept autres « victimes ». Pourquoi ?
Le premier roman d’Irène Némirovsky.
Introuvable depuis 1926, « le Malentendu » (4) est le premier roman d’Irène Némirovsky, dont le nom est mondialement connu grâce à « Suite française », couronné par le prix Renaudot à titre posthume en 2004 (on sait que, née en 1903 à Kiev, elle est morte en 1942 à Auschwitz). Toute son œuvre, romans et nouvelles, a été depuis rééditée.
Écrit à l’âge de 18 ans, le livre est une simple histoire d’amour dans le Paris des années folles. Dans la chaleur d’un été basque, une idylle s’est nouée entre un jeune homme nostalgique des fastes perdus de sa famille et une femme mariée de la même bourgeoisie dont l’époux s’absente souvent pour affaires. Mais l’été finit et, dans la grisaille de Paris, leur amour est brutalement livré au réalisme le plus cru, confronté aux contingences les plus triviales.
Dans la prison de Spandau.
Le hasard fait qu’on réédite également le roman de Jean Anglade, « Des chiens vivants » (5). Dans la longue liste des quelque 90 ouvrages que cet auteur, aujourd’hui âgé de 95 ans, a publiés depuis 1952, et qui est largement consacrée aux romans du terroir, celui-ci date de 1967. Il a valeur universelle.
Il s’agit d’un huis clos terrible, dont les « héros » ne s’appellent plus Albert Speer, Baldur von Schirach et Rudolf Hess, mais ne sont plus que numéros 1, 5 et 7. Ils sont les trois derniers prisonniers nazis condamnés par le tribunal de Nuremberg à être incarcérés à la prison de Spandau. Le livre est le journal de chaque détenu qui relate, tout à la fois, ses exactions passées et son présent muré. Trois soliloques tragiques qui cesseront, pour les numéros 1 et 5, à l’issue de leur peine, en 1966, et pour le numéro 7 par un suicide en 1987, à l’âge de 93 ans.
(2) Grasset, 458 p., 20 euros.
(3) Le Cherche Midi éditeur, 214 p., 15 euros.
(4) Denoël, 169 p., 15 euros.
(5) Presses de la Cité, 444 p., 21 euros.
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