CHACUN A COMMENCÉ par pointer du doigt les autres acteurs de la chaîne du médicament. Désormais, tous sont d’accord pour dire que les causes des ruptures d’approvisionnement sont multifactorielles et ont une dimension internationale. Fabienne Bartoli, directrice générale de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), souligne l’excellence de la chaîne du médicament en France, « réglementée, organisée, bénéficiant d’un maillage et d’une sécurité d’approvisionnement quasiment sans équivalent au monde ». Mais alors pourquoi y a-t-il des manquants en officine ? « Nous avons des remontées sur des défaillances par le biais de pharmaciens, de patients et d’associations de patients, mais tout cela est difficilement quantifiable », ajoute-t-elle.
Un constat qui a poussé l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) à mener une enquête, du 7 février au 11 mars dernier, dont les résultats sont éloquents. Sur 1 146 répondants, 89 % constatent une augmentation des ruptures d’approvisionnement, 75 % affirment être confrontés à au moins un nouveau cas par semaine, dont 35 % à plusieurs cas hebdomadaires. L’USPO a aussi mis en place un observatoire qui a enregistré 1 100 déclarations d’incidents en six mois, pour 328 spécialités différentes. Afin de répondre aux besoins des patients, 76 % des pharmaciens ont fait appel à un autre grossiste-répartiteur et 24 % directement au fabricant. Si des solutions ont toujours pu être trouvées, ce n’est pas sans conséquence sur le patient qui a dû changer de spécialité ou de dosage (86 % des cas), qui a pris son traitement avec retard (52 %) ou qui l’a interrompu (26 %).
Politique de quotas.
Si les ruptures de stock ne sont pas nouvelles, elles étaient jusqu’alors plus marginales et concernaient des médicaments particuliers. Aujourd’hui, toutes les références peuvent être touchées. Premiers à avoir été montrés du doigt, les grossistes-répartiteurs ne sont pas d’accord. Sans nier les incidents existant, Claude Castells, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), affirme qu’il n’y a pas plus de ruptures de stock qu’auparavant chez le grossiste-répartiteur et dénonce une amplification du phénomène orchestré par des laboratoires, pour des raisons économiques ou parce qu’ils souhaitent acheminer eux-mêmes des produits spécifiques. La répartition regrette la politique des quotas mise en place par des laboratoires pour limiter les exportations parallèles, mais qui, selon la CSRP, sert surtout à cacher des problèmes de production, et notamment de pénurie de matières premières. Un message entendu par le gouvernement puisque Nora Berra, secrétaire d’État à la santé, explique que « la mise en place de politiques de quotas par les fabricants, ainsi que l’émergence depuis quelques années de grossistes-répartiteurs appelés « short-liners » qui ne respectent pas les obligations de service public ont conduit à la dérégulation actuelle de la distribution en gros de médicaments et à des ruptures dans l’approvisionnement ».
Face aux réclamations réitérées des patients et des officinaux, Xavier Bertrand a condamné, l’été dernier, les pratiques d’exportations parallèles qui mettent en péril la fourniture de médicaments en France et il a présenté un plan anti-rupture en septembre. Au programme : rappel des obligations de service public de chacun, identification des classes thérapeutiques à risque, obligation pour les fabricants d’instaurer un plan de gestion des pénuries, création d’un circuit d’information rapide pour signaler les ruptures de stock et pour informer prescripteurs et dispensateurs, anticipation des arrêts de commercialisation pour une meilleure mise en place de mesures alternatives.
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