COMPTABILITÉ
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les années semblent se suivre et se ressembler en matière d’activité des officines. Les pharmaciens peuvent-ils s’attendre à une meilleure croissance de cette activité dans le futur ?
PHILIPPE BECKER.- La faible croissance observée actuellement cache des disparités marquantes. Les moyennes sont par natures imprécises ! En effet, plus de 43 % des pharmacies étudiées dans le panel de notre dernière étude statistique* constatent une baisse significative de leur activité (- 3,64 % en moyenne). Pour ces pharmacies, la bonne nouvelle serait déjà que leur activité se stabilise…
Pour le reste, l’activité devrait rester atone en 2011. Ce n’est d’ailleurs pas un scoop, puisque les données émanant de la Sécurité sociale font apparaître une très faible augmentation des remboursements de médicaments. Par conséquent, sauf phénomène de type « grippe » en fin d’année, nous ne verrons pas d’inversion de tendance en 2011 pour l’activité des officines.
Des relais de croissance peuvent-ils être trouvés à travers les nouvelles missions qui pourraient être envisagées pour les officinaux ?
CHRISTIAN NOUVEL.- À l’évidence, il y a là des pistes qui semblent de plus en plus concrètes. Heureusement d’ailleurs, car la baisse de la démographie chez les médecins va obligatoirement engendrer des manques qu’il faudra bien combler. La problématique sera de financer correctement ces nouvelles missions et de trouver de l’argent pour cela, alors que les déficits sociaux sont toujours aussi abyssaux. Ce sont les résultats des négociations en cours entre le ministère de la Santé, la Sécurité sociale et la profession qui pourront donner de la visibilité. Ces négociations sont à nos yeux extrêmement importantes pour l’avenir de la pharmacie libérale française. Il ne faudra donc pas faire d’erreur de virgule !
Selon votre dernière étude statistique*, la baisse du nombre de médecins semble toucher de plein fouet les officines rurales. Ces officines peuvent-elles s’en sortir et comment ?
PHILIPPE BECKER.- Notre étude met en évidence les signaux d’alarmes qui avaient été déclenchés il y a déjà quelques années. À l’époque, on disait : « le médecin de ma commune va cesser son activité dans quelque temps… ». Or, en 2010, ce médecin a pris sa retraite et n’a pas trouvé de successeur ! Ce scénario s’est produit dans de nombreuses petites communes, et les officinaux en paient les conséquences, qui sont souvent dramatiques sur leur chiffre d’affaires. Ce qui est préoccupant, aujourd’hui, c’est que nous ne sommes qu’au début de ce phénomène. À ces éléments s’ajoute aussi la création des « maisons médicales », qui peut être une opportunité pour des pharmaciens, mais qui peut faire courir un risque majeur à certaines officines qui ne sont situées pas au bon endroit !
Pour toutes ces raisons, doit-on s’attendre au pire pour certaines officines rurales ?
PHILIPPE BECKER.- Probablement. Mais, paradoxalement, ce sera une évolution lente, car l’officine rurale a une grande capacité de résistance du fait de charges fixes plus faibles qu’en zone urbaine. Pour ces officines, il faut donc utiliser le temps qui reste pour trouver des solutions sérieuses.
En 2010, on a touché du doigt la forte dépendance actuelle du pharmacien à l’égard des médecins généralistes. Ces derniers vont être rémunérés à la performance dans le cadre du nouvel accord conventionnel, et, derrière le mot « performance », il y a évidemment une orientation vers une baisse du nombre de lignes par ordonnances. Tout cela va influer fortement sur le modèle économique de l’officine libérale. Souvenons-nous que, il y a vingt ans, le problème était celui de la forte évolution du prix du médicament. Demain, le problème sera celui de la diminution des volumes vendus. Tout est donc à réinventer !
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