Projet régional de santé du Grand Est

Quelle place pour la pharmacie ?

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Publié le 09/04/2018
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En phase de consultation depuis le mois de mars, le nouveau projet régional de santé (PRS) élaboré par l’ARS du Grand Est permettra de pérenniser de nombreuses démarches innovantes lancées dans la région, y compris par et avec les pharmaciens.

Un colloque organisé à Strasbourg par l’agence régionale de santé (ARS) et la région Grand Est a présenté les objectifs et les aspects les plus novateurs du PRS, lequel décline au niveau régional les grands axes de la politique nationale de santé, tout y ajoutant des aspects ou des programmes spécifiques.

Jean-François Kuentz, vice-président de l’URPS Pharmaciens du Grand Est, a ainsi présenté la campagne de dépistage du diabète organisée en juin dernier dans les officines de trois départements, les Ardennes, la Meurthe-et-Moselle et le Haut-Rhin. Les pharmaciens étaient invités à repérer visuellement les personnes susceptibles d’être concernés par le diabète, en fonction de leur âge et de leur corpulence, puis de leur proposer un test capillaire à l’issue d’un bref entretien, avant de les inciter à consulter leur médecin en cas de résultat positif. 1 179 tests ont été proposés, dont 221 ont été ensuite confirmés à l’issue d’examens plus poussés menés par les médecins. Cette action a bien illustré le rôle de porte d’entrée des pharmaciens dans la prévention et le dépistage, même si certains de ses aspects, notamment le retour des résultats par les médecins aux organisateurs de la campagne, doivent être améliorés. Le PRS a inscrit la généralisation de ce dépistage dans toutes les pharmacies de la région parmi ses objectifs.

Prévention et parcours de soins

Mais la participation des pharmaciens au PRS dépasse largement ce seul dépistage. Comme au niveau national, les officines s’intègrent dans la politique globale de prévention, de même que dans les concepts de parcours et de coordination des soins. Outre le diabète, les pharmaciens sont associés à plusieurs autres objectifs régionaux, comme le repérage et le dépistage précoce de l’insuffisance rénale, en coordination avec les médecins et bien entendu les biologistes, au cœur de ce dispositif. Le PRS souhaite aussi mieux intégrer les pharmaciens dans les parcours de soins liés aux maladies chroniques. Il encourage leur activité en matière d’éducation thérapeutique du patient, en particulier dans le domaine de l’hépatite C, que le PRS souhaite « éradiquer d’ici à 10 ans dans la région ». En outre, il souhaite conforter le rôle des pharmaciens en matière de chimiothérapies orales. Enfin, le PRS se donne pour priorité d’améliorer la coordination entre l’hôpital et la ville : il souligne pour cela l’importance de bien associer les officinaux à la préparation de la sortie de l’hôpital et à la mise en place des soins à domicile des patients de plus de 75 ans. Il rappelle, de même, la place de l’officine dans la coordination des traitements, en amont de l’hospitalisation comme à l’issue de cette dernière.

Au total, le PRS comprend près de 200 objectifs et actions, qui concernent la prévention et la promotion de la santé, mais aussi l’organisation, la qualité et l’efficience des soins. Les actions recensées vont de la prévention quotidienne, à l’image de l’activité physique prescrite, jusqu’aux avancées technologiques les plus récentes, par exemple en matière d’algorithmes d’aide au diagnostic ou de séquençage à très haut débit. Enfin, le PRS renforce les programmes d’accès aux soins pour tous, la participation et la démocratie sanitaire, ainsi que la coopération transfrontalière, d’autant plus importante que le Grand Est est la seule région française à compter des frontières avec 4 pays voisins.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3426