Le 24 novembre, la réunion à l’ARS du comité départemental de l’aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires (CODAMUP-TS) de Paris a vu son ordre du jour bouleversé. L’ensemble des acteurs de l’urgence, (SAMU, pompiers, urgentistes, préfecture…) et des soins, (médecins, dentistes, pharmaciens, représentants de la CPAM et du RSI) tenaient à dresser le bilan des opérations de secours lors des attentats de Paris. L’efficacité du plan blanc ne devait plus être prouvée.
Ce dispositif a permis d’orchestrer l’accueil des 600 blessés dans cinq établissements parisiens, dont deux (hôpital Bichat et hôpital Saint-Louis) situés dans les périmètres fermés par les forces de l’ordre. Ironie du sort des exercices d’entraînement avaient eu lieu le matin même. De sorte qu’au moment des événements de la soirée certains praticiens ont cru un instant à la prolongation des exercices pratiques.
Reconstituer les stocks de sang
Bien rodée, cette organisation des secours était conçue pour éviter la concentration de tous les secours sur les épicentres des attentats. Comme l’expose un article publié le 24 novembre, dans la revue « The Lancet » par Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, (AP-HP) et une quinzaine de praticiens hospitaliers, une importante « réserve » de quinze équipes médicales était ainsi assurée. « Nous ne savions pas comment et quand cette nuit de cauchemar prendrait fin », rappellent les auteurs.
Un autre réservoir était prévu, composé d’autres hôpitaux en alerte dans la région, mais aussi d’hôpitaux universitaires pouvant être rejoints par hélicoptères. S’il n’y a pas eu besoin de recourir à ces plans B, tous les intervenants s’accordent à dire qu’un nouveau seuil du terrorisme et de l’horreur a été franchi depuis que les urgentistes ont reçu leur premier entraînement en « médecine de catastrophe », il y a trente ans.
Et les pharmaciens ? Représentés au CODAMUP par l’Ordre, l’URPS pharmaciens d’Île de France et les syndicats parisiens, ils ont été sollicités par le SAMU et les pompiers pour inciter désormais leurs patients à donner leur sang. « On nous a demandé en tant que professionnel de santé de proximité et accessibles à tout public de faire passer ce message, sachant que les services ont été immédiatement submergés de donneurs mais que, aujourd’hui, des dons sont nécessaires pour reconstituer les stocks », expose Frédéric Loup, élu de l’URPS et membre de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Des séquelles psychiques
C’est également en tant que professionnels de santé que les pharmaciens de proximité ont reçu la consigne de se tenir en retrait des opérations en cas de réplique d’attentats. « En cas d’urgence, les pharmaciens doivent rester dans leur officine, composez le 15 ou le 17 et renseigner les forces de police et de secours, mais en aucun cas ils ne doivent se mettre en danger », déclare Frédéric Loup, titulaire de la pharmacie du Tertre dans le 18e arrondissement de Paris. En cas de besoin, les pharmaciens interviendront uniquement sur sollicitation des professionnels de l’urgence, dès lors qu’un périmètre de sécurité aura été défini.
Pour l’heure, les officinaux parisiens sont confrontés aux dégâts psychologiques des attentats. Frédéric Loup a attiré l’attention du CODAMUP : « Les conséquences psychiques sur nos patients, et principalement sur les victimes, sont considérables et elles devraient malheureusement persister. » Il parle désormais de nouveaux grands invalides civils de guerre.
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