Il a fallu que l’hypnose fasse ses preuves sur lui pour que le Dr Joël Tondusson, généraliste exerçant à Châtellerault (Vienne), la pratique à son tour. « Je souffre d’une algie vasculaire de la face, maladie rare à l’origine de douleurs parfois violentes. Aucun traitement médicamenteux était efficace sur moi. Le recours à l’hypnose a considérablement amélioré mon état, bien que je ne sois pas totalement guéri », explique-t-il.
Âgé de 64 ans, le médecin suit donc une formation – il a désormais ouvert son propre centre dans sa ville d’exercice – et dédie un temps de consultations à l’hypnose. « J’ai pris ma retraite l’an dernier. Je prenais six patients par jour en enchaînant deux consultations de 30 minutes dès 8 heures, puis à 11 h 30 et à 18 h 30 », poursuit-il en précisant que ce temps dédié est important.
« La dimension éthique de la démarche est cruciale », insiste le Dr Isabelle Bouillevaux, médecin généraliste au sein de l’Unité régionale d’accueil et de soins pour sourds et malentendants du CHU de Nancy. « Par rapport à mes études, où l’on m’a appris à être en position haute dans la prise de décision, j’ai dû, comme le patient, apprendre à lâcher prise et me placer en position basse pour que ce dernier puisse exprimer lui-même ses objectifs thérapeutiques », détaille-t-elle. Entre autres cas concrets, le Dr Bouillevaux donne l’exemple d’une approche développée auprès de ces patients diabétiques. « Plutôt que de se fixer un objectif chiffré en termes d’hémoglobine glyquée, nous allons nous donner un objectif concret tenant compte de l’environnement social tel que : pouvoir partir en vacances durant l’été avec ses enfants. » Pour ce médecin, l’hypnose constitue « un outil » supplémentaire venant « en complément » des traitements médicamenteux. En outre, la pratique de l’hypnose lui apporterait une forme de confort dans son travail quotidien car, dit-elle, « le fait de laisser au patient le choix de son objectif retire le poids d’une décision assumée seule ».
On a dit, pendant longtemps, que 25 % de la population n’était pas réceptive à l’hypnose. Or, selon le Dr Isabelle Nickles, médecin généraliste à Montpellier et responsable du DU hypnose dispensé à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, cette vision serait erronée. « La transe est un état naturel. Nous sommes en hypnose plusieurs fois par jour, sans le savoir. Dans le cadre médical, l’hypnose implique une relation entre le soignant et le patient, et il se peut que certains patients ne soient pas réceptifs à la méthode du praticien », explique cette responsable de la Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves (CFHTB), qui a récemment tenu son congrès à Montpellier. Installée en libéral, le Dr Nickles ne reçoit, depuis plusieurs années, que des patients qui lui sont adressés par des confrères spécialistes ou généralistes.
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